20 ans d'Animafac : Rencontre avec Malo son Président

08/06/16

Bonjour Malo, avant de commencer, est-ce que tu peux te présenter ?

Je m’appelle Malo Mofakhami, je suis président d’Animafac depuis un an maintenant. Je suis également étudiant et chercheur, puisque je suis en première année de doctorat en économie à la Sorbonne. J’ai débuté mon parcours associatif au collège avec une implication dans un festival de théâtre et j’ai vécu un engagement important au sein du Parlement Européen des Jeunes - France, une association d’éducation populaire sur la citoyenneté européenne membre du réseau Animafac.

Pour débuter, qu'est-ce qu’Animafac?

Animafac est un réseau d’associations étudiantes. Notre objectif est de promouvoir l’engagement chez les étudiants et les jeunes. Pour être précis, c’est sans doute deux cultures, complémentaires mais distinctes, que nous cherchons à promouvoir : l’esprit d’initiative mais aussi l’esprit associatif, qui consiste à s’ouvrir et à partager avec d’autres des expériences et des envies, à miser sur l’intelligence collective, à s’imprégner de règles démocratiques et à en imprégner la société.

L’une des particularités d’Animafac est son organisation en réseau, autrement dit son horizontalité, qui permet de concilier la circulation des informations et l'autonomie de chacun des membres qui le compose. L’adhésion au réseau est cependant conditionnée à la signature d’une charte qui reprend les valeurs et les principes du réseau. Pour faire partie des instances dirigeantes d’Animafac, les associations ne doivent pas se présenter aux élections étudiantes ou soutenir une liste. C’est un principe fondateur de notre réseau qui souhaite œuvrer en dehors du champ de la représentation étudiante.

Les actions d’Animafac s’articulent autour de trois axes : offrir différents cadres de rencontres entre associations, les accompagner dans la réalisation de leurs projets et porter un certain nombre de propositions pour lever les freins à l’engagement des jeunes.

Animafac accompagne également l’accueil de 300 volontaires en service civique au sein des associations étudiantes à travers son action d’intermédiation et de formation des tuteurs.

Le weekend dernier, on fêtait les 20 ans d’Animafac, historiquement, comment Animafac a évolué tout au long de ces années ?

La première grosse contribution d’Animafac a été de rendre visible les associations étudiantes à projets, dont on pense encore largement à l’époque qu’elles ne font pas grand-chose en dehors de l’organisation de soirées. La difficulté est réelle car la culture politique française laisse une place relativement médiocre à la vie associative et à ses enjeux démocratiques, et au niveau de l’enseignement supérieur, seules les organisations à visée représentative sont dans le radar des présidences des établissements. Par ailleurs, les expériences non-formelles sont parfois perçues comme étant concurrentielles à la réussite des études.

On a depuis radicalement changé d’époque. En développant considérablement son réseau, en organisant des Forums des initiatives étudiantes rassemblant plusieurs milliers de personnes ou encore à travers ses plaidoyers (du FSDIE au statut de responsable associatif étudiant en passant par l’année de césure et le développement du volontariat associatif), Animafac y aura largement contribué et doit encore le faire pour que l’éducation non-formelle trouve toute sa place en France.

En revanche, le regard que porte la société sur ses jeunesses n’a pas beaucoup évolué. Il reste beaucoup à faire pour permettre une plus grande reconnaissance des jeunes, au sein de l'université comme au sein de la société.

L'engagement des jeunes et la citoyenneté sont des marqueurs communs à nos structures, comment ça se matérialise à Animafac ?

Nous sommes convaincus que l’implication dans des projets associatifs contribue à une société meilleure. Les étudiants qui s’impliquent dans des projets améliorent à la fois la vie de ceux qui les entourent, mais aussi s’épanouissent, développent de nombreuses qualités humaines et professionnelles et s’enrichissent les uns les autres. Chez Animafac, nous œuvrons donc pour lever les freins à l’engagement en soutenant les initiatives étudiantes par différents canaux.

Quel est le projet phare mis en place par Animafac ?

Plutôt qu’un projet phare, j’en citerais trois qui ont été pensés de manière complémentaire : notre MOOC “Créer et développer son projet associatif”, co-produit avec le réseau des CROUS ; pour booster l’impact des projets étudiants ; l’appel à projets La Riposte pour identifier les pépites de l’innovation sociale ; l’Arsenal, nos incubateurs pour accompagner de manière personnalisée la structuration et le développement d’un certain nombre de projets étudiants. L’idée est de créer un cercle vertueux d’engagement en répondant aux besoins de toutes les associations, celles qui viennent de se créer comme celles qui cherchent à se professionnaliser.

Vous développez également un versant plaidoyer, quelles sont vos grandes revendications ?

En termes d’état d’esprit, nous défendons ce que François Taddéi appelle la “culture du oui” : nous souhaitons une société de la confiance, dans laquelle la possibilité de créer et d’expérimenter de nouvelles choses est encouragée, une société où l’on dit “oui” par principe, plutôt que par exception.

Parallèlement, nous portons des revendications très concrètes qui ont abouti à des améliorations notables pour les associatifs étudiants. C’est notamment le cas avec la sécurisation des années de césure dans le parcours des étudiants par circulaire. Depuis deux ans, nous portons également l’idée de création d’un statut de responsable associatif étudiant. À l'image du statut de sportif de haut niveau, ce statut doit permettre à des étudiants exerçant des responsabilités importantes au sein d'une association, qu'elle soit étudiante ou non, de bénéficier d'aménagements à la scolarité et d'un accompagnement personnalisé dans une démarche d'identification et de valorisation des compétences. Nous l’avons expérimenté avec succès dans deux universités. Il s’agit désormais de le généraliser.

Enfin, Animafac plaide pour une gouvernance des établissements (du secondaire comme du supérieur) qui implique au maximum les élèves et les étudiants. Nous défendons par exemple la mise en place de budgets participatifs au sein des universités, permettant d’instituer une culture de délibération, de responsabilisation et de confiance, trois piliers actuellement absents de notre système éducatif.

On a notamment pu travailler récemment ensemble sur le projet de loi égalité-citoyenneté pour poser un amendement commun afin de bien distinguer service civique et emploi, quelles pistes de collaborations futures vois-tu ?

Nous sommes en effet préoccupés par les risques de dérives sur la qualité des missions de service civique, dans un contexte de généralisation extrêmement rapide du dispositif. La FAGE comme Animafac sont des organisations de jeunes dirigées par des jeunes qui ont la particularité d’être à la fois des organismes d’accueil agréés et des structures dont les membres sont aussi de potentiels volontaires. Nous ne pouvons pas rester inactifs ou silencieux devant des retours toujours plus nombreux de jeunes volontaires parlant de sous-emploi ou révélant un manque d’accompagnement dans l’accomplissement de leur mission.

Sur ce point comme sur d’autres (comme par exemple la mise en œuvre effective de la circulaire sur l’année de césure par les universités), il est intéressant de construire du collectif. Nous l’avons vu récemment, les collaborations de circonstance sur des positions communes est une voie efficace pour faire avancer les choses. Ne nous privons pas de le faire.

Un mot de conclusion ?

Je pense que nous sommes réellement à la croisée des chemins. Aujourd’hui, nous assistons à un décalage de plus en plus important entre nos institutions et un monde qui se transforme de plus en plus vite. La solution est clairement dans l’émergence d’actions collectives. C’est par nos actions de tous les jours, notre sens citoyen que nous arriverons à surmonter les défis d’aujourd’hui et pas uniquement en glissant un bulletin de vote dans l’urne tous les 5 ans. Face à cela, les associations - et a fortiori les associations étudiantes - sont des réponses particulièrement adaptées. C’est aussi ce que nous avons voulu montrer à l’occasion de nos 20 ans.

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