Emploi des jeunes : un diagnostic collectif pour poser les bases d’une politique ambitieuse

01/02/17

« Faire que les jeunes vivent mieux en 2017 qu’en 2012 », tel était le mantra de François Hollande dès le début de son quinquennat, et telle sera la formule à l’aune de laquelle il conviendra de dresser un bilan du mandat écoulé. Si la « Priorité Jeunesse » a eu ses réussites et ses échecs, la question de l’emploi, en particulier des jeunes, occupe une place centrale dans le débat et dans l’imaginaire politique.

Avec un taux de chômage avoisinant les 25 %, les jeunes apparaissent aujourd’hui comme la population la plus durement frappée par la dépression économique durable qui dure depuis 2008. Mais au sein même d’une population déjà fragilisée par la crise, les inégalités se creusent entre les jeunes diplômés et les jeunes sortis de l’institution scolaire sans diplômes connaissant de durables difficultés d’insertion.


Emplois d’Avenir, Contrats d’Avenir, plan « 500.000 » formations, Garantie Jeunes : les politiques publiques se sont multipliées de 2012 à 2017, avec des investissements et des effets variables. Si la priorité politique affichée par le gouvernement est louable, restait à enrôler l’ensemble du monde socio-économique dans un travail global en faveur de l’emploi des jeunes.

Une consultation quadripartite sur l’emploi des jeunesse pour un diagnostic nécessaire

C’est dans cet objectif que la Ministre du Travail, Myriam El-Khomri, a lancé à l’automne une concertation quadripartite en faveur de l’emploi des jeunes réunissant le Gouvernement, les organisations patronales, syndicales et de jeunesse. C’est durant les négociations en marge de la loi Travail que la FAGE avait obtenu l’ouverture de discussions autour de l’emploi des jeunes intégrant enfin les organisations de jeunesse, s’inspirant ainsi des négociations ayant précédé les Accords Nationaux Interprofessionnels de 2011, dits « ANI jeunes », à l’origine de nombreux dispositifs paritaires en faveur de l’emploi des jeunes ayant préfigurer certains pans de l’action publique du quinquennat qui s’achève.

C’est au travers de la construction d’un diagnostic partagé par les différents acteurs autour de la table et mis en musique par France Stratégie et la DARES que s’est ouvert la concertation. Au fur et à mesure des séances, le diagnostic a pu se dessiner, loin des clichés et poncifs sur les jeunes. En mettant en lumière les problématiques de discrimination et les freins périphériques tels que le transport et la santé, le rapport sur l’emploi des jeunes remis début janvier à Myriam El-Khomri permet de poser les bases intellectuelles d’une politique publique réellement ambitieuse.


Il est en effet salvateur de poser les bases d’un diagnostic partagé sur les raison d’un sur-chômage des jeunes qui peine à se résorber, et qui touche principalement les plus fragiles, déjà privés de minima sociaux. Ainsi, penser les causes de l’emploi des jeunes nécessite de prendre en compte leurs spécificités et les irrationalités du marché du travail quand il s'agit pour les jeunes de trouver un premier emploi, souvent victime d’une image fausse et délétère de travailleurs peu engagés et peu travailleurs, image souvent colportée par ceux-là même issus d’une époque où les conditions du marché du travail étaient autrement plus favorables. Nous serions tenté de goûter à l’ironie si l’urgence sociale des jeunes décrocheurs n’était pas aussi dramatique.

Du diagnostic partagé au nouvel agenda : urgence sociale et dynamique politique

La temporalité politique interroge néanmoins : quelles suites à donner à ce diagnostic collectif ? Alors que le quinquennat s’achève, comment le peu de temps restant pourrait-il permettre des avancées ambitieuses ? Les partenaires sociaux et le Gouvernement, dans l’attente de l’élection présidentielle, ne sauraient s’engager au-delà du mois d’avril, mais il est pourtant urgent d’acter une action collective des pouvoirs publics et des partenaires sociaux en faveur des jeunes.

Dès lors, il apparaît indispensable pour les organisations syndicales, patronales et de jeunesse d’agir de concert pour définir des priorités communes à l’issue du diagnostic et acter des avancées rapides avant la fin de l’actuel gouvernement. Plus encore il s'agit de commencer à préparer dès aujourd’hui l’agenda social du prochain Président de la République.

Dans cette optique, la FAGE lancera lors du Séminaire National des Élus Étudiants à Reims, du 23 au 26 mars, la 3e édition de États Généraux qui porteront cette fois sur l’emploi des jeunes. Véritable processus de dialogue structuré et de démocratie participative, les États Généraux mobiliseront plusieurs milliers de jeunes pendant 6 mois, afin d’aboutir en septembre à un Livre Blanc, porteur d’un nouveau projet de société mettant l’emploi des jeunes au coeur des débats politiques dans une économie en évolution rapide.

Face au silence des candidats sur l’emploi des jeunes, quelles priorités pour la FAGE ?

Dans l’optique des suites à donner au rapport diagnostic de France Stratégie, la FAGE identifie 5 priorités :

  • Repenser la formation en développant l’approche par compétences, gage de lisibilité, et en brisant la barrière entre formation initiale et continue.

  • Développer les filets de sécurité contre le décrochage dans les mondes académiques et socio-économiques en poursuivant l’universalisation de la Garantie Jeunes pour accompagner les transitions de tous les jeunes

  • Construire une protection sociale du XXIe Siècle en attachant tous les droits à la personne par l’extension du Compte Personnel d’Activité (CPA)

  • Agir contre les freins périphériques en mettant en place les conditions d’accès des jeunes à la santé, à la mobilité et au logement

Si les débats précédant le lancement officiel de la campagne présidentielle n’augurent rien de bon par la pauvreté des réflexions de fond et le conservatisme des propositions, la FAGE et les organisations syndicales et de jeunesse sauront mettre à l’agenda une véritable ambition politique contre le chômage des jeunes qui fera la part belle au progrès social plutôt qu’à l’abaissement généralisé des conditions d'entrée et de maintien dans le marché du travail.

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