La pédagogie au centre de la future stratégie nationale d'enseignement supérieur ?

16/07/14

Sophie Béjean, présidente du Comité StraNES et Bertrand Monthubert, rapporteur général du comité StraNES, ont remis mercredi 9 juillet le rapport d'étape du comité StraNES à Benoît Hamon et Geneviève Fioraso. Zoom sur les principaux axes de ce que sera la future stratégie nationale d'enseignement supérieur.

Suite au lancement des auditions en début d'année, le rapport d'étape de la stratégie nationale d'enseignement supérieur était très attendu. En effet, prévue dans la loi ESR du 22 Juillet 2013, cette stratégie nationale doit être l'occasion de mettre en avant les grandes orientations futures en matière d'enseignement supérieur.

Lors de son audition en Mars dernier, la FAGE a pu insister sur les objectifs importants à se fixer pour ces prochaines années, repris dans leur majorité par le rapport d'étape.

Rénover la pédagogie à l'université

Principal point soulevé lors de notre audition, la rénovation de la pédagogie à l'université fait figure d'axe prioritaire dans ce rapport d'étape. Le comité d'experts a en effet fait un constat similaire au notre : celui de l'indispensable remise à plat des pratiques pédagogiques.

La FAGE défend la vision du Student Centered Learning, incluant réellement les étudiants dans le déroulement de leur formation, et ce en se basant sur leurs besoins. La mise en place de syllabus d'enseignement en début de cours, afin d'expliciter les objectifs et le déroulement des unités d'enseignement, doit être à ce titre un élément central de la rénovation de la pédagogie.

De plus, il serait impensable de ne pas utiliser le numérique dans cette remise à plat du système pédagogique, afin que nos universités soient motrices sur ce sujet. Le numérique pourrait être ainsi au service d'un meilleur enseignement, permettant davantage de débats et d'interactions entre étudiants, et vers les enseignants. Le rapport d'étape met en avant des éléments positifs de ce point de vue.

La prise en compte de la pédagogie dans la procédure de qualification, ainsi que la reconnaissance de la pédagogie dans l'évolution de carrière des enseignants est également à saluer. Cette proposition de la FAGE permettrait en effet de créer des dynamiques nouvelles en la matière, réduisant la tension existante chez les enseignants les plus novateurs pédagogiquement.

Enfin, la généralisation de centres de développement pédagogiques, proposée dans ce rapport, et conforme au rapport de la DGESIP porté par Claude Bertrand en avril dernier, est là aussi à saluer ! Ces centres de développement pédagogiques permettraient d'utiliser de manière pertinente les évaluations des enseignements par les étudiants, afin de porter un nouveau paradigme pédagogique, basé non plus sur une opposition entre enseignants et étudiants, mais sur une coopération positive.

Cette stratégie d'évaluation et de formation continue des enseignants devra être liée à la procédure d'accréditation, afin que ces initiatives puissent réellement porter leurs fruits.

Mettre en œuvre la cotutelle de manière effective

Le rapport pointe du doigt le manque de clarté dans l'architecture de notre enseignement supérieur. Il convient en effet de simplifier le paysage de l'enseignement supérieur en allant au bout de la logique d'intégration universitaire. Le modèle universitaire, cher à la FAGE car basé sur un enseignement par et pour la recherche, ouvert à tous, doit être la norme. L'obtention de la cotutelle du Ministère de l'enseignement supérieur sur l'ensemble des formations lors de l'examen de la loi ESR de Juillet 2013 est à ce titre une victoire importante !

La FAGE demande que cette cotutelle s'applique maintenant dans les faits, notamment via l'intégration universitaire des formations sanitaires et sociales, afin que tous les étudiants puissent bénéficier des mêmes conditions d'études et des mêmes droits.

Supprimer la sélection entre la Licence et le Master

Le rapport d'étape de Sophie Béjean et de Bertrand Monthubert pointe du doigt l'aberration française, à l'heure du processus de Bologne et du LMD, de maintenir une sélection entre la première et la seconde année de Master.

Egalement critiquée par le rapport de la médiatrice de l'éducation nationale, cette sélection, vestige de l'ancien système français, doit être supprimée.

La FAGE propose la mise en place d'un dispositif Admission post-Licence, basé sur les mêmes principes que le portail Admission Post-Bac. L'étudiant titulaire d'une Licence aurait la possibilité de faire plusieurs choix de Master. En fonction de la Licence effectuée et du type de compétences acquises, un choix prioritaire lui serait alors proposé. Ce système permettrait en outre de mieux canaliser l'information autour de l'orientation post-Licence, réduisant les inégalités persistant aujourd'hui entre les initiés et les autres.

Un point de vigilance persiste

Enfin, le rapport d'étape suscite un point de vigilance auquel la FAGE sera particulièrement attentive : celui du montant des frais d'inscription des étudiants extra-communautaires. La FAGE ne saurait accepter que ces étudiants aient à payer un prix différent que celui prévu pour les étudiants « classiques ». Cette logique serait en effet la porte d'entrée à une augmentation généralisée des frais d'inscription, et aurait pour conséquence de remettre en cause les principes fondamentaux de notre enseignement supérieur.

Ce rapport d'étape de la stratégie nationale d'enseignement supérieur est prometteur. Cependant, au-delà de ce texte, c'est la question du portage politique qui se pose aujourd'hui.

La future stratégie nationale ne doit pas rester lettre morte, et doit être revendiquée par le gouvernement afin de mener les réformes nécessaires à notre enseignement supérieur.

Intégration universitaire de l'ensemble des formations du supérieur, rénovation pédagogique à l'université, plan de vie étudiante prévue dans la loi ESR et sélection en Master : l'audace politique sera-t-elle au rendez-vous de cette stratégie annoncée ?

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour vous améliorer votre navigation, réaliser des statistiques de visites et vous donner accès à certaines fonctionnalités comme le tchat. En savoir plus et paramétrer les cookies individuellement