La FAGE, engagée aux côtés de CoExist pour entretenir le devoir de mémoire

12/12/17

La FAGE est une organisation de jeunesse militante, profondément attachée aux valeurs universelles de liberté, d’égalité et fraternité. Ces valeurs sont incarnées au travers d'actions de représentation des étudiants ou encore des projets et services développés sur les campus. Profondément antiraciste, la FAGE s’est plusieurs fois mobilisée contre l'extrémisme et le fanatisme et notamment l’extrême droite, dont l’idéologie a mené au pire dans l’histoire de l’humanité. Ce combat pour faire vivre les valeurs républicaines prend tout son sens lorsque l’on se rappelle les horreurs du passé commises au nom de l’intolérance, de la haine et du mépris des droits humains. C’est la raison pour laquelle il est fondamental d’entretenir le devoir de mémoire, de se souvenir et d’intérioriser les raisons pour lesquelles nous défendons nos valeurs et faisons de l’obscurantisme notre ennemi.

Parce que c’est un combat du quotidien, un combat permanent, la FAGE s’est rendue le week-end dernier au voyage de la mémoire organisé par le programme CoExist en Pologne. Les participants ont visité le pays, en passant par la ville de Cracovie, son ancien ghetto, puis par les camps d’extermination d’Auschwitz et de Treblinka. Aux côtés des médiateurs CoExist, les participants ont eu l’occasion de mettre des images sur ce qui est enseigné à tous à l’école, et notamment, sur la mise en place d’une politique d’extermination par l’État nazi durant la Seconde Guerre mondiale. L’horreur de l’industrialisation de la mort d’individus sous prétexte de croyances différentes : juifs, tziganes, homosexuels ou encore opposants politiques et résistants, ce sont des millions de personnes qui ont été assassinées de manière méticuleuse, dans l’horreur et la barbarie que l’on pourrait croire inhumaines.

Aujourd’hui une autre forme d’horreur continue de peser sur ces lieux, au travers d’une exploitation commerciale déroutante et dégoûtante, d’un merchandising où l’on vend au coin des anciennes synagogues transformées en musée, des figurines caricaturales de « juifs » censées porter bonheur.

Pour saisir l'intensité du voyage que nous avons vécu, voici quelques témoignages :

"Le premier jour nous marchions sur les traces des lieux de vie juive en Pologne, où près de 3 millions de juifs habitaient avant la Shoah, soit près 10 % de la population nationale polonaise. 2 700 000 juifs polonais ont été assassinés en six ans et il ne reste aujourd’hui qu’entre 8 000 et 12 000 juifs en Pologne.

Dans le quartier de Kazimierz où la vie juive était intense, la plupart des synagogues ont été transformées en musées ou parfois en magasins... Seule la synagogue Remu et son cimetière sont encore entretenus par la maigre communauté juive de Cracovie. Dans ce quartier devenu un lieu touristique, un business juteux tenu par des polonais fait commerce de cette vie juive disparue : restaurants de houmous, petits trains et visites aux « promos » alléchantes organisées par des tours opérateurs ont remplacé l’authenticité d’une culture juive décimée. Le visiteur ne sait plus s’il est sur ce qui était autrefois un lieu de vie ou dans un parc d’attractions du Yiddishland destiné à attirer les touristes.

Du ghetto de Cracovie où 65 000 juifs étaient parqués jusqu’à sa liquidation les 13 et 14 mars 1943, il ne reste que bien peu de choses. Sur la place Zgody rebaptisée Plac Bohaterow Getta (place des héros du ghetto), 65 chaises sont érigées et symbolisent cette absence. Quelques centaines de mètres plus loin, les murs du ghetto en forme de pierres tombales font face à un étrange jardin avec des balançoires où des enfants jouent, comme si ce lieu n’était qu’un jardin.

La banalité du quotidien étouffe le cri de ceux que les bourreaux ont assassinés, dans le silence de l’Humanité.

Ici, en 2017, la Mémoire est malmenée par un gouvernement révisionniste et nationaliste qui sape les libertés fondamentales, réécrit l’histoire, minimise la responsabilité des polonais dans le processus d’extermination des juifs et favorise l’émergence de groupes nationalistes qui rassemblaient 60 000 personnes à Varsovie début novembre sous les cris de « la Pologne pure, la Pologne blanche ».

Dans ce contexte, la transmission de la Mémoire de la Shoah est complexe. Et pourtant ce n’est pas qu’une Mémoire juive, mais une Mémoire universelle que chacun peut s’approprier et transmettre.

Pour les médiateurs CoExist qui interviennent dans plus de 300 classes chaque année, cette Mémoire structure un engagement contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations. À travers ce voyage, ces médiateurs qui déconstruisent les préjugés dans les classes deviennent des facilitateurs, des entremetteurs, capables demain de rapprocher la Mémoire de la Shoah de ceux qui s’en sentent parfois éloignés.

Notre voyage de la Mémoire avec les médiateurs du programme CoExist s’est poursuivi à Birkenau, Auschwitz 1 et Treblinka.

Nous avons débuté la visite sur le chemin de la Judenrampe qui était utilisé jusqu’en avril 1944 par les SS pour acheminer les juifs d’Europe et décider de leurs sorts par la « sélection ».

C’est sur ces lieux, le long des rails, que Mengele et les « médecins » nazis dévoyaient le serment d’Hippocrate pour décider d’un revers de main ceux qui seraient envoyés dans les chambres à gaz et ceux qui accéderaient au camp.

2 millions de personnes se rendent chaque année à Auschwitz, qui figure dans bon nombre de guides touristiques polonais comme un endroit à ne pas manquer.

À Auschwitz, 1 100 000 personnes ont été assassinées dont 960 000 juifs venus de toute l’Europe.

Le pavillon français rappelle que 76 000 juifs de France ont été déportés dont 11 000 enfants.

Auschwitz est le plus grand cimetière juif au monde. Un cimetière sans sépulture, sans tombe, sans cercueil.

Médiateurs de la mémoire, nous avons poursuivi notre périple à Treblinka, où 30 000 pierres dressées au milieu d’une clairière rendent hommage aux 850 000 juifs qui y ont été assassinés entre juillet 1942 et août 1943.

De ce site de mise à mort, seule une soixantaine de personnes a survécu.

Le contraste avec Auschwitz est saisissant. La façon dont ce lieu est préservé est radicalement différente. Le nombre de visiteurs qui s’y rende est également incomparable. Treblinka est conçu comme un lieu de Mémoire juive. Les polonais ne s’y rendent pas.

De retour en France, chaque participant du voyage a pris l’engagement de préserver cette Mémoire. Dans une société où certains voudraient à nouveau nous séparer selon les « races », la diversité de ce groupe est une source d’espoir pour l’avenir : la Mémoire de la Shoah appartient à chaque personne qui souhaite en être le dépositaire. L’assignation identitaire et victimaire est un enfermement, là où le combat antiraciste, l’engagement militant émancipent et ouvrent des horizons nouveaux."

Sacha GHOZLAN, Président de Coexist

Quelques mots sur Coexist

CoExist est un projet éducatif de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et d’autres types de discriminations, comme l’homophobie, la xénophobie ou encore le sexisme. Il repose sur un travail de déconstruction des préjugés qui s’effectue dans des classes de 4ème, 3ème, 2nde, 1ère.

CoExist est né en 2004 du partenariat entre l’UEJF et la fédération des Clubs Convergences. Ce programme repose aujourd’hui sur un partenariat entre trois associations : l’Union des Etudiants Juifs de France (UEJF), SOS Racisme et la Fabrique. Il est soutenu par le Ministère de l’Education nationale et l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (Acsé).

Pour en savoir plus : www.coexist.fr

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