Réforme du baccalauréat : une étape loupée pour la démocratisation de notre système éducatif

16/05/18

Il y a maintenant plusieurs mois, le gouvernement, et plus particulièrement le ministère de l'éducation nationale, a lancé un processus de réforme du baccalauréat, comme annoncé dans la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron.

La FAGE, attachée à l’objectif d’élever le niveau de qualification des nouvelles générations, porte le souhait de rénover notre système éducatif afin de démocratiser l’accès aux diplômes de l’enseignement supérieur. Le baccalauréat, tel que mis en place aujourd’hui, est le principal facteur de l’archaïsme régnant sur l’organisation pédagogique du lycée. Censé incarner l’égalité républicaine, il est en réalité profondément injuste. Sa réforme était donc indispensable pour créer un continuum cohérent entre le secondaire et le supérieur.

La FAGE porte comme projet de réformer le baccalauréat et le lycée dans sa globalité. La FAGE milite notamment pour la mise en place d'un contrôle continu intégral comme modalité d'évaluation pour le baccalauréat afin de sortir de la logique néfaste du contrôle terminal et de l'incohérence pédagogique qu'il entraine. Chaque année des dizaines de milliers de jeunes sortent du système éducatif sans diplôme, ni perspective d’avenir. C’est pourquoi la FAGE insiste sur la nécessité de mettre l’accent sur l’accompagnement et l’orientation dès le début du lycée. Le système éducatif français est l'un des plus inégalitaire et les mécanismes de reproduction sociale y sont encore très présents. Il est ainsi nécessaire de venir "casser" la logique de filières générales, technologiques et professionnelles au lycée. La FAGE porte dans ce sens la volonté d'instaurer une seconde commune à l'ensemble des lycéens puis d'opérer à une spécialisation progressive, personnalisée, et cela tout au long du lycée.

La réforme Blanquer présente un baccalauréat 2021 qui reposera pour une part sur un contrôle continu, mineur et bien trop marginal, et pour une autre part sur des épreuves terminales. L'épreuve anticipée écrite et orale de français se déroulera comme aujourd'hui en fin de première. En terminale, deux épreuves écrites portant sur les enseignements de spécialité auront lieu au printemps et deux épreuves se dérouleront en juin : l'écrit de philosophie et l'oral préparé. Le contrôle continu sera composé d'épreuves communes organisées pendant le cycle terminal. Pour ce qui est du fonctionnement des années de lycée, nous observons la disparition des séries L, S et ES. La réforme propose donc des enseignements communs qui seront proposés à tous les lycéens. En complément, l'élève choisira des disciplines de spécialité et bénéficiera d'une aide à l'orientation tout au long de son parcours.

Nous regrettons le fait que seule la filière générale du lycée soit concernée par cette réforme ainsi que l'absence d'un chantier global à tous les types de baccalauréat. L'apparente volonté de supprimer la logique de filières et donc de lutter contre l'impossibilité de construire des parcours plus progressifs et plus personnalisés n'est en faite qu'une mesure en demi-teinte. En effet, la personnalisation et les spécialisations proposées sont en réalité organisées de manière à ce que des couples de matière soient quasiment obligatoires puisqu'il n'est pas envisagé de sortir de la logique de classes au lycée. Finalement ce nouveau bac de ne fait qu'augmenter le nombre de séries, toujours présentes en filigrane dans le projet de réforme.

De plus, la répartition des enseignements dans le tronc commun et dans les spécialisations nous préoccupe car elle remet en question le socle commun de compétences que devrait acquérir chaque lycéen.

Enfin, si la diminution du nombre d'épreuves terminales va dans le bon sens, la mise en place d'évaluations en cours de formation s'apparente finalement à la mise en place de "partiels" deux fois par an, bien loin de la volonté afficher d'adopter un contrôle continu dont l'essence est la pluralité et la diversité d'évaluations formatives tout au long du lycée.

Alors que l'Ecole, creuset de notre république, doit être au cœur des politiques de mixité sociale et d'émancipation citoyenne des nouvelles générations, la FAGE s'interroge sur l'absence de ces considérations fondamentales alors qu'un projet de Service National Universel, censé y répondre, est en train de voir le jour en dehors de l'Ecole républicaine.

Dans le cadre de la construction d'un véritable continuum -3/+3, entre le lycée et la poursuite d'études dans le supérieur, il est primordial de mener un véritable travail interministériel afin de créer plus lien et plus de cohérence, pour garantir la démocratisation effective et non ségrégative de l'enseignement supérieur. Dans un contexte de décrochage et de chômage massif chez les jeunes et alors que la France va manquer d'un milliard et demi de salariés qualifiés à l'horizon 2030, l'accès à la qualification et la création d'un système plus juste vecteur d'égalité des chances doit être au cœur du projet du Ministère de l'Education Nationale. Pour la FAGE, ce projet de réforme passe à côté des enjeux. La FAGE demande à ce que le gouvernement revoie sa feuille de route.

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