Les Objectifs de Développement Durable, un agenda porteur d’espoir mais encore trop méconnu

29/08/18

Alors que s’est déroulé le forum politique de haut niveau (FPHN) du au 18 juillet 2018 qui vise à faire le bilan d’étapes de l’avancée de l’Agenda 2030 au niveau mondial, la société civile se mobilise pour construire un constat de l’appropriation des ODD et imaginer des réponses innovantes aux enjeux posés par cet agenda.

L’appropriation des ODD en France : une perception encore lacunaire des ODD

Le 16 juillet 2018, l’association 4D (Dossiers et débats pour le développement durable) et l’IFOP ont publié une enquête sur la perception des objectifs de développement durable. 

Il ressort de cette enquête que les ODD sont encore méconnus par une grande partie de la population : en effet, 47% des répondant.e.s n’ont jamais entendu parler des ODDet 53% en ont déjà entendu parler mais seulement une minorité déclare en avoir une idée précise (6%). 

Cette étude montre également que la connaissance des ODD est fortement corrélée au niveau de diplôme : Alors que 40% des titulaires d’un CAP/BEP a déjà entendu parler des ODD, ce chiffre est supérieur de 20 points pour les titulaires d’un diplôme du deuxième ou du troisième cycle du supérieur. On retrouve cette même corrélation concernant le niveau de revenus, puisque les personnes disposant de hauts revenus sont 70% à connaître les ODD alors que les personnes à revenus modestes sont seulement 46% dans ce cas. Une autre différence marquante réside dans le lieu de vie : S’il y a peu de différence de la connaissance des ODD entre les habitant.e.s des communes rurales et urbaines (respectivement 50% et 51%), le fossé se creuse avec l’agglomération parisienne où ce chiffre est de 63%. 

Par conséquent, l’on voit apparaître une inégalité croissante dans la perception de ces Objectifs de développement durable, avec la constitution d’un groupe sensibilisé (les personnes avec un plus haut niveau d’études, un revenu plus important ou vivant en région parisienne) et a contrario d’une frange de la population mise au ban de ces Objectifs. Ces disparités se recoupent malheureusement avec les inégalités sociales déjà prégnantes au sein de notre société et ne font que renforcer ces dernières en ne permettant pas à tou.te.s de se mobiliser pour la réussite de l’Agenda 2030. 

Par ailleurs, cette enquête apermisd’appréhender quels étaient les Objectifs de développement durable les plus importants pour les participant.e.s et leur famille. Chaque participant.e choisissait 6 ODD parmi les 17. Ainsi, les participant.e.s ont indiqué comme les plus important les ODD 3 « Bonne santé et bien-être » (58%) et 16 « Paix, justice et institutions efficaces » (53%) . A l’inverse, seul 6% des participant.e.s considèrent l’ODD 17 « Partenariats pour la réalisation des objectifs » comme important pour eux et leur famille et 12% l’ODD 9 « Industrie, innovation et infrastructure ». 

Ces chiffres sont à lier avec l’évolution de la perception des ODD. La dernière question de ce sondage permettait aux participant.e.s d’indiquer, pour les ODD cités précédemment, si la situation s’est améliorée ou dégradéeau cours de l’année écoulée. On remarque une forte amélioration perçue pour l’ODD 3 (29% des répondant.e.s estiment que la situation s’est plutôt améliorée), contrairement à l’ODD 16 (pour lequel 40% des répondant.e.s estiment que la situation s’est dégradée dans l’année écoulée). Paradoxalement, les personnes ayant défini les ODD 9 et 17 comme importants sont plus enclin.es à considérer que des progrès importants ont été réalisés dans l’année (respectivement 35% et 30%). Il est également essentiel de signaler la forte proportion de personnes estimant que la situation s’est dégradée en ce qui concerne l’ODD 1 « Pas de pauvreté » puisque 57% des répondant.e.s ont choisi cette réponse. 

Ces chiffres montrent l’extrême disparité dans la perception des ODD et des priorités imposées. Si certains ODD sont très bien identifiés, d’autres, à l’instar de l’ODD 17 “Partenariat pour la réalisation des objectifs” est mal appréhendé, en témoigne le faible nombre de répondant.e.s l’estimant prioritaire. 

Au sein du réseau de la FAGE, une prise en compte grandissante des ODD

La FAGE, lors de ses Universités d’Eté, a également organisé un vote à destination des participant.e.s à cet évènement. Chacun.e pouvait indiquer les cinq ODD lui paraissant les plus importants. Cela les a conduits à placer en première place l’éducation de qualité (ODD 4) ainsi que la bonne santé et le bien-être (ODD 3) et l’égalité entre les sexes (ODD 5). 

Nous avons organisé cette consultation lors des trois dernières éditions des Universités d’Eté de la FAGE ; et un point est à noter : la prise en compte grandissante de l’ODD 13 sur les mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques. Alors que cet ODD n’était que le dixième mentionné par les participant.e.s il y a trois ans, il s’agit désormais du quatrième ODD le plus mentionné. A l’inverse, l’ODD 16 concernant la paix, la justice et les institutions efficaces a chuté de la deuxième place à la septième. 

Au travers de ce rapide sondage, nous constatons encore une fois que l’appropriation des ODD est encore très disparate. En effet, alors que nous fêterons en septembre prochain le troisième anniversaire de la création des ODD, ceux-ci sont encore perçus par un grand nombre comme des éléments théoriques, des grands principes et appelant très peu à la mise en application. Dès lors, les différentes parties prenantes, y compris les associations étudiantes, se saisissent de ces sujets afin d’encourager la mobilisation et démontrer que, loin de se contenter de vaines incantations, il est désormais temps d’agir concrètement pour un futur durable. 

Cette mobilisation s’inscrit également dans une logique de partage des connaissances et compétences entre les différentes parties prenantes. A ce titre, la FAGE a contribué en tant que co-pilote à l’établissement du rapport 2018 sur l’appropriation des ODD par la société civile, coordonné par le Comité 21. Avec CliMates, un think-and-do tank travaillant sur les questions de jeunesse et de changement climatique, la FAGE a co-écrit une contribution à ce rapport sur les liens existants entre organisations de jeunes et ODD. Une des principales conclusions de cette contribution a été de plaider en faveur de l’implication grandissante de ces organisations dans l’appropriation des ODD, notamment au travers de leur triple rôle, à savoir de grille de lecture, de moyens d’actions et d’outil de plaidoyer au service des organisations de jeunes.

Au travers de ces différents éléments, il devient possible de voir émerger des potentialités d’actions pour les associations étudiantes : en tant qu’interlocutrice privilégiée pour les étudiant.e.s, les associations étudiantes constituent des relais efficaces pour informer, sensibiliser et conscientiser les étudiant.e.s aux problématiques posées par les ODD. Cependant, si cette information ne se double pas d’actions concrètes mettant en œuvre les principes des ODD, la conscientisation et le passage à l’action en seront affectés. Par conséquent, il est essentiel, au-delà de la connaissance des ODD, de montrer par l’action en quoi ces derniers répondent concrètement aux enjeux de la transition écologique. Grâce à cette dualité d’action, l’ensemble des jeunes deviennent eux-mêmes ambassadeurs des ODD et contribuent à sensibiliser leurs pairs, engageant ainsi une démarche vertueuse de publicisation des ODD et de montée en compétence de l’ensemble des acteurs. 

La FAGE, en tant que tête de réseau appartenant à l’ESS, a la responsabilité de participer à ce programme afin de faire émerger une véritable génération consciente des défis à relever mais surtout en capacité de le faire : Une fois cela enclenché, les problématiques rencontrées pourront être résolues de façon efficace et surtout de manière partagée, de façon inclusive avec l’ensemble des acteurs concernés. 

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