Lors du Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (CNESER) du 16 octobre 2018, la FAGE a pu s’exprimer sur le projet d’ordonnance qui permet à des regroupements d’établissements d’expérimenter de nouvelles règles de gouvernance. Elle a exprimé son profond rejet de ce texte qui tend à affaiblir la démocratie sociale dans les établissements d’enseignement supérieur. Retrouvez ici les différents enjeux de cette ordonnance et le positionnement de la FAGE.

Aujourd’hui bien trop de regroupements sont motivés par la volonté de monter dans les classements internationaux ou de remporter des appels à projet. La FAGE s’oppose à cette vision de l’enseignement supérieur, les classements internationaux n’étant pas des critères de qualité. Par ailleurs, les appels à projet ne sont pas forcément synonymes de projets de site.

Il est donc essentiel de permettre aux établissements de créer des regroupements qui font sens sur leur territoire, mais pas à n’importe quel prix. En ce sens, la FAGE a refusé la possibilité pour des établissements privés de fusionner avec des établissements publics dans le modèle expérimental. Techniquement, il est extrêmement compliqué de pouvoir lier des fonds privés et des fonds publics. Mais surtout, la FAGE ne peut pas accepter de voir des établissements privés, dont certains à but lucratif, fusionner avec des établissements publics acteurs du service public.

La FAGE a donc réitéré sa position en faveur des regroupements universitaires et des possibilités qu’ils apportent pour créer des formations plus transdisciplinaires, dynamiser les politiques de recherche sur un territoire, mais également pour valoriser la vie étudiante à travers un site et en y associant des acteurs non-universitaires comme le CROUS par exemple. Ces regroupements sont l’occasion de développer une véritable politique de santé universitaire en liant les différentes composantes qui pourraient s’impliquer dans un projet de centre de soins universitaires. C’est aussi l’occasion de valoriser les actions d’orientation pour permettre à un étudiant de pouvoir accéder à l’ensemble de l’offre de formation de l’université. C’est enfin l’opportunité de rendre le paysage de l’enseignement supérieur lisible et accessible pour chacun. Pourtant, dans les faits, cette politique de regroupement reste parfois peu adaptée parce qu’elle ne permet pas l’adhésion de la communauté à un projet unique de site.

Le projet d’ordonnance permet de créer des établissements avec des organes de gouvernance comme dans les universités. Un conseil d’administration décide de la politique de l’établissement, comme dans une université. Pourtant, ce conseil peut ne pas être composé comme celui d’une université. Il doit être au moins composé de 40% de personnes élues représentant la communauté universitaire : étudiants, personnels administratifs et techniques, corps enseignant. Cela veut dire que la majorité du conseil d’administration pourrait être composée de personnalités extérieures à l’université qui ne prendrait potentiellement pas en compte l’avis de la communauté. Or, les regroupements ne peuvent pas fonctionner si la communauté n’y adhère pas.

Pour la FAGE, la place des élus et notamment des élus étudiants est essentielle pour mener une politique de regroupement au service des étudiants et pour éviter le risque de l’élitisme. Le Plan Etudiants donne les clés aux instances élues pour mettre en œuvre l’accompagnement demandé pour les étudiants, pour adapter les pédagogies à chacun ou fixer des capacités d’accueil pour permettre la démocratisation effective de l’enseignement supérieur. Cette logique ne doit en aucun cas disparaître.

Mais la FAGE n’oublie pas que la présence dans les conseils est nécessaire mais loin d’être suffisante pour être écoutée. C’est surtout l’implication effective dans le processus de gestion du regroupement qui est importante.