Focus - « L’ubérisation » du travail : précarité et insécurité renforcées, conséquence d’un coût de la vie qui augmente

21/08/2019

Année après année, la précarité des jeunes et des étudiants ne cesse de gagner du terrain. La FAGE, via son outil du coût de la rentrée, mais pas que, alerte les gouvernements successifs sur les conséquences liées à cette situation depuis de nombreuses années. 

L’une d’entre elle est le travail subit : près d’un étudiant sur deux exerce une activité rémunérée pour subvenir à ses besoins, entrainant échec, stress, fatigue et parfois même abandon des études. Depuis plusieurs années maintenant, une évolution frappante marque l’emploi étudiant : l’apparition des plateformes numériques, et « l’ubérisation de l’emploi ». 

En effet, les étudiants représenteraient 57% de ces « Travailleurs des plateformes» selon une étude statistique de l’institut Montaigne

Travailleurs indépendants des plateformes collaboratives : salariat déguisé ?

Les étudiants travaillant via ces plateformes possèdent généralement le statut de travailleur indépendant, qui selon la définition correspond à : « Parce qu’ils sont indépendants, ces travailleurs disposent d’une autonomie dans l’organisation de leur travail et ne sont subordonnés à aucun supérieur hiérarchique ». 

Et pourtant … Ces travailleurs indépendants sont en réalité en situation de totale dépendance par rapport à leur « prestataires » qui pour la plupart fixent les grilles tarifaires, instaurent et contrôlent la qualité de la prestation, obligent le versement de commissions, fixent des horaires de disponibilité et ont des droits de sanctions. 

A l’heure actuelle, seule la justice pose des limites, notamment sur la notion de « subordination », mais parfois avec des jugements contradictoires. 

Mais quelles protections ?

Selon le rapport de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), ces emplois atypiques vont de pair avec l’insécurité, notamment sur le sujet de la protection sociale, un niveau de salaire faible et des horaires allongés. 

Ils bénéficient alors d’un régime de protection sociale au rabais, venant fragiliser le travailleur : pas de mutuelle, pas de chômage, pas de congés payés, pas d’accès au fond de garantie des salaires en cas de liquidation de la plateforme, des cotisations faibles pour la retraite…

Certaines évolutions ont vu le jour depuis 2016 notamment avec deux lois : la loi dite « Travail » en 2016 et la loi Avenir Professionnel de 2019. La première vient rendre obligatoire la souscription d’une assurance collective ou d’un remboursement de la part de la plateforme en cas d’accident au travail, l’accès à la formation professionnelle ou encore le droit syndical. La seconde vient mettre en place une « charte sociale » dans chaque plateforme mais elle ne garantit aucun droit qui apparaissent comme basiques, rattachés juridiquement au statut de salarié puisque cette charte sera entièrement rédigée par chaque plateforme, à la carte.

Ces travailleurs fragilisés sont exposés également à des rémunérations très faibles, soumises à la régulation des plateformes, les poussant à travailler plus souvent, y compris les week-ends. Ainsi, les étudiants sont encore plus exposés à l’échec et à l’abandon. 

Il est aujourd’hui urgent de construire un socle de droits communs et définir clairement de quel statut ils bénéficient, et de le respecter.

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