Rencontre avec Christian LERMINIAUX

02/05/2013

Cette semaine, la FAGE a rencontré Christian LERMINIAUX, Président de la CDEFI, la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs.

FAGE : La présence de formations d'ingénieurs en dehors de l'université est souvent qualifiée de "particularité Française". Est-ce pour vous un atout ou un défaut ? Pourquoi ? Comment verriez-vous le rapprochement de ces formations avec l'université ?

Christian Lerminiaux

"Cette particularité est l'héritage et le signe d'une identité forte : les métiers auxquels le diplôme d'ingénieur donne accès, répondent à des exigences spécifiques, qui demandent une formation particulière. Historiquement - au XVIIIème siècle - les Universités n'avaient pas souhaité former les cadres techniques dont le pays avait besoin pour se développer, mais se concentraient plutôt sur la production de connaissance et la formation d'enseignants et de chercheurs. C'est l'origine de la dichotomie actuelle. Cela a eu des effets positifs, en permettant aux Ecoles de développer une gouvernance efficace, et de tisser fortement des liens avec le monde de l'entreprise. Mais cela a aussi limité les interactions possibles entres Ecoles et Universités.

Toutefois, cela ne signifie pas que les liens entre écoles d'ingénieurs et universités sont inexistants. Bien au contraire ! Un certain nombre d'écoles d'ingénieurs se situent désormais au sein même des universités et les laboratoires de recherche sont souvent communs sur un même site.

Un rapprochement Ecoles d'ingénieurs/Universités n'est envisageable que si celui-ci se fait dans des conditions qui préservent l'identité et le mode de fonctionnement de chacune des deux structures."

FAGE : Le titre d'ingénieur permet une très bonne insertion professionnelle en France. De quoi, selon la CDEFI, l'université a-t-elle besoin pour faire aussi bien ?

"Tout d'abord, il faut remarquer qu'une école n'est habilitée à délivrer le titre d'ingénieur que si la formation qu'elle délivre débouche sur une bonne insertion professionnelle. Les liens avec le monde professionnel sont nombreux. Les personnalités extérieures sont impliquées dans la gouvernance des établissements, y compris la désignation du Président ou du Directeur. Sur ce point, on est encore loin du fonctionnement de l'université. Le projet de loi sur l'enseignement supérieur et la recherche va d'ailleurs dans le bon sens sur ce point puisqu'il permet pour la première fois, à des personnalités extérieures, de s'impliquer dans la gouvernance des universités et la désignation du Président.

En ce qui concerne les universités, elles ont su, ces dernières années, mettre en place des Formations d'Ingénieurs selon le référentiel de la CTI. Et nous ne pouvons que souhaiter qu'elles continuent à les développer.

Quant aux autres formations universitaires, le modèle des formations d'ingénieur est un bon modèle, qui s'exprime pleinement sur les résultats d'Insertion Professionnelle. Il faut donc généraliser le modèle Référentiel/Evaluation/Accréditation."

FAGE : L'égalité des chances est aujourd'hui une des grandes priorités du gouvernement et le réseau des œuvres en est un acteur central. Quelles sont, pour la CDEFI, les perspectives d'évolution dans la collaboration entre écoles d'ingénieurs et CROUS afin de garantir la démocratisation de l'enseignement supérieur ?

"Certaines Ecoles collaborent activement avec le CROUS, d'autres gèrent leur propre capacité d'hébergement. En tout état de cause, l'important est que les frais de l'hébergement ne soient pas un obstacle à l'accueil des étudiants dans les Ecoles."

FAGE: Qu'attendez-vous de la loi sur l'Enseignement supérieur et la Recherche que la Ministre a déposée à l'Assemblée Nationale il y a quelques jours ?

"La CDEFI s'est prononcée en faveur du projet de loi sur l'Enseignement supérieur et la Recherche car elle soutient en effet un certain nombre d'objectifs de cette réforme comme par exemple la définition d'une stratégie nationale de l'enseignement supérieur. Celle-ci est essentielle et doit être définie en concertation avec l'ensemble des acteurs. Quant aux regroupements qui se mettront en place, ils permettront de coordonner les stratégies des établissements, en en respectant la spécificité et la richesse."

FAGE: Il se dit que les formations qui se déroulent au sein des écoles d'ingénieurs sont peu évolutives car peu liées à la recherche. Que répondez-vous ?

"Je réponds qu'il s'agit d'une idée reçue. Il existe une recherche de qualité au sein des écoles d'ingénieurs et pas uniquement dans les plus grandes. La Commission des Titres d'Ingénieurs incite par ailleurs beaucoup les écoles à s'ouvrir à la recherche. La Cdefi a signé des accords avec plusieurs organismes de recherche (INRIA, CNRS, bientôt le CEA) et est impliquée dans les Alliances.

Il y a eu beaucoup d'Ecoles impliquées dans le programme des Investissements d'Avenir. Et quand on regarde la production individuelle moyenne des Enseignants Chercheurs, elle est souvent plus forte dans les Ecoles que dans les Universités.

Par ailleurs, nous avons lancé il y a près de deux ans une expérimentation « Parcours compétences pour l'entreprise » afin d'améliorer l'employabilité des jeunes docteurs."

La FAGE remercie Monsieur Christian LERMINIAUX du temps accordé pour cet entretien. 

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