Rencontre avec Julien Robert-Grandjean

13/06/2013

Cette semaine, la FAGE a rencontré Julien ROBERT-GRANDJEAN, étudiant en 5ème année de Pharmacie à l'Université de Lorraine et tête de liste pour la FAGE aux élections CNESER 2013.

FAGE : Julien, tu es en première position sur la liste CNESER de la FAGE, quelles sont les trois priorités à donner pour le mandat de l'équipe nationale ?

Julien Robert-Grandjean

"Cette année de mandat va, peut-être encore plus que la précédente, être particulièrement riche et chargée de textes structurels : après la Loi, c'est l'ensemble des textes réglementaires d'application (décret et arrêtés) qui seront à l'étude à partir de Septembre. Ce sera le moment de vérité pour beaucoup de bonnes intentions inscrites dans la Loi : trouvent-elles une traduction concrète ou ne restent-elles qu'au rang de vœux pieux ?

Mais au-delà de la cuisine réglementaire, le chantier qui me parait le plus important, c'est celui de l'Approche par Compétence. Penser et concevoir les formations non plus seulement comme des agrégats de contenus mais avant tout comme le parcours qui amènent à la maîtrise de situations, à la résolution de problèmes.

Pourquoi est-ce si important ? Parce que plus qu'un ajustement, c'est un changement de paradigme.

Parce qu'en communiquant sur les objectifs d'apprentissage et les grandes situations dans lesquelles le diplômé saura évoluer, on redonne du sens à la formation. Et ainsi on joue à la fois sur les leviers d'Orientation auprès d'étudiants aujourd'hui perdus devant la complexité du paysage de l'Enseignement Supérieur, d' Insertion Professionnelle auprès d'employeurs qui comprennent encore mal nos diplômes, et même de Réussite, en donnant à l'étudiant parfois démotivé les outils, la visibilité pour se positionner dans sa progression et exprimer ses acquis .

C'est en parlant de compétences que l'on trouvera le langage commun avec les employeurs dans les Conseils de Perfectionnement, première étape indispensable pour que ces Diplômes de Licence, Master et Doctorat soient reconnus dans les conventions collectives d'entreprises. Et redonner du sens, c'est tout aussi efficace pour la Réussite que des Fonds mal fléchés...

Bien sûr cela ne se fera pas avec une référence dans un texte. Cela fait plus de 10 ans qu'un décret prévoit la délivrance d'une Annexe descriptive pour les diplômes LMD, censée les décrire en termes de compétences acquises par le Diplômé... avec le peu de résultat que l'on sait.

Cela passe à la fois par une impulsion nationale, via un véritable travail du Comité de Suivi Licence sur les référentiels de compétences qui devra se poursuivre d'une réflexion sur l'évaluation de la compétence, afin de pouvoir la certifier et pas juste l'afficher. Les élus CNESER de la FAGE se sont déjà beaucoup engagés dans ces travaux.

Par un travail de terrain dans lequel nous aiderons les élus locaux, pour convaincre les équipes dirigeantes universitaires d'en faire une priorité de leurs politiques (Contrats de Sites...) et via la formation continue des enseignants au sein des Ecoles Supérieures du Professorat et de l'Education pour laquelle nous plaidons depuis longtemps. Enfin par une évaluation de la démarche compétence dans les formations, conformément au Cadre National des Formations à construire, par une Agence d'Evaluation externe respectant les Standards Européens d'Assurance Qualité."

FAGE: Que représente pour toi le Conseil National de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche ?

" Le CNESER, c'est avant tout ce qu'on en fait. Les réunions mensuelles "de routines" portent sur un ordre du jour serré, avec le plus souvent des textes très précis relatifs à l'ouverture d'un département d'IUT ici ou la fusion de 2 écoles là.

Ces avis sont nécessaires mais peuvent sembler limités...A priori on y voit pas tellement l'ouverture à un débat de fond. Il faut donc ruser : poser des motions, adresser des demandes de questions diverses, partir d'un texte à l'ordre du jour pour amener la question sur une problématique d'ensemble (comme par exemple partir de la modification d'une UE dans un diplôme pour aborder la question de l'insertion des diplômés de ce diplôme, des passerelles, du maillage territorial...).

L'essentiel du travail de fond, il se fait dans les Comités Licence et Master qui sont de vraies espaces de travail émanant du CNESER. Enfin le Règlement Intérieur du CNESER va être modifié : La Ministre a annoncé la possibilité d'auto saisine : cela permettra sans doute d'avoir davantage la main sur les thèmes à traiter, le calendrier, de formuler de vrais avis travaillés dans des groupes de travail en amont."

FAGE : Tu as aussi l'expérience d'être élu local au sein de ton université. Comment vois-tu le lien en tant qu'élu national avec les élus locaux ?

"C'est un lien essentiel à double titre : tout d'abord il me parait important que l'élu CNESER conserve un lien avec les élus locaux de son organisation afin de garder pleinement le contact de la réalité que vivent les étudiants et les établissements, mesurer l'impact des application concrètes de textes que l'on amende et vote au CNESER.

C'est aussi pour garder ce lien avec le concret et cette expertise que nous avons besoin de travailler avec les élus concernés (d'Etablissements ou de filières en fonction du texte), systématiquement consultés avant de nous prononcer.

En complément, les élus CNESER sont des personnes ressources disponibles auprès des élus locaux pour répondre à leurs question d'ordre technique, sur la réglementation, sur l'interprétation ou la justification de décisions nationales, mais aussi, de par notre regard transversal, pour leur faire part d'autres expériences que la leur, les mettre en relation avec d'autres élus qui ont déjà travaillé telle ou telle thématique. La synergie donnée au réseau de la FAGE par son maillage entre fédérations territoriales et filiéristes est un vrai gage d'efficacité."

FAGE : Julien, tu es élu étudiant à l'Université de Lorraine et a été acteur de la naissance de ce grand établissement. Comment vois-tu l'apparition de ces 30 sites universitaires annoncés dans le projet de loi ESR ?

"Quand nous parlions tout à l'heure de priorités, nous évoquions le manque de lisibilité des diplômes, que doit solutionner l'approche par compétences.

Ce manque de lisibilité pour les non-initiés, c'est notre système d'Enseignement Supérieur dans son ensemble qui en souffre.

Si les PRES ont eu des répercussions bénéfiques en termes de mutualisation de la Recherche, peu ont eu l'impact espéré sur l'harmonisation de l'offre de formations et les passerelles entre diplômes, notamment entre Etablissements différents.

L'absence de représentation étudiante suffisante n'est sans doute pas étrangère à cela. Le cloisonnement reste fort, au sein de mêmes sites géographiques. La coopération renforcée au sein de politiques de site que la Loi tend à enclencher apparait donc nécessaire et les étudiants devraient en être bénéficiaires. Au-delà de réponses structurelles sur les formes de coopération, ce sont des cultures différentes qu'il faut faire dialoguer, s'apprivoiser, et comme nous le constatons en Lorraine ou même ailleurs, cela prend du temps. En souriant à peine, je dirai que la meilleure réponse à cela est encore d'associer les Etudiants à ces processus : faisons confiance à leur dynamisme pour dépasser les blocages liés aux habitudes !"

Merci Julien pour cette interview.

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