Quelle place pour les étudiants en situation de handicap dans l’ESR ?

Il est beaucoup question des évolutions et des réformes liées à l’Université depuis de nombreuses semaines. Si c’est un enjeu pour l’ensemble de la jeunesse de notre pays, l’attention est rarement portée vers les publics spécifiques comme les jeunes en situation de handicap. La FAGE vous propose une petite analyse de la place de ces jeunes dans l’enseignement supérieur aujourd’hui et les perspectives à court terme.

Réforme : ParcourSup change la donne

Une des modifications avec le passage d’APB (Admission Post Bac) à la plateforme d’inscription ParcoursSup concerne directement les jeunes en situation de handicap. En effet, auparavant les lycéens qui passaient par APB pour faire leurs vœux d’orientation dans un établissement d’enseignement supérieur pouvaient s’identifier directement comme porteur d’un handicap. Cette option permettait aux établissements d’anticiper la mise en place d’aménagements et, le cas échéant, de conseiller à l’étudiant un autre établissement si aucune alternative n'était possible. En effet, si les aménagements pédagogiques (prise de note, tiers temps, etc.) sont modulables, l’accessibilité des locaux ne l’est pas si facilement. Bien que les Universités soient soumises à la réglementation imposée par la loi de 2005 1, les investissements nécessaires à rendre accessible le bâti n’ont pas toujours eu lieu, ou seulement pour partie, ce qui peut limiter l’accès à certaines formations.

Dans une situation de réforme complexe à gérer, certains rectorats ont suspendu la mise en place de commissions académiques sur l’acceptation et l’orientation des étudiants en situation en handicap. Les associations de parents d’élèves ont eu l’occasion d’alerter le gouvernement et notamment la Ministre Frédérique Vidal sur les dangers de ce retour en arrière. La parution d’un décret, devant être présenté au CNESER (Conseil National de l’Enseignement Supérieur Et de la Recherche) en mai, sera l’occasion pour la FAGE de porter une position en faveur de dispositifs dérogatoires tels qu'ils existaient avant le passage à ParcourSup. L'enjeu est de garantir un accès aux études supérieures pour les jeunes en situation de handicap.

Un public en augmentation dans l’enseignement supérieur

D’après les chiffres de l’éducation nationale, en 2016-2017, il y avait 128 670 élèves en situation de handicap inscrits dans le secondaire2. Cela représente une augmentation substantielle de 7,5% par rapport l’année précédente. S’il faut saluer cette progression, on peut voir assez facilement que la mécanique s’enraye entre le secondaire et le supérieur. En effet, dans le supérieur ce sont uniquement 20 549 inscrits3 en 2015. Cette différence frappante montre que, pour de nombreuses raisons, il y a encore une perte d’effectif entre le secondaire et le supérieur. Il est à noter que le taux de poursuite d'études des bacheliers généraux en situation de handicap n'est pas mauvais et s'apparente assez aux statistiques globales. On s'aperçoit toutefois que ces bacheliers ne poursuivent pas dans les mêmes filières que les autres élèves. En effet, le problème se situe surtout dans le choix de parcours dès le lycée puis dans la poursuite d'études vers un Master et, a fortiori, vers un doctorat. Parmi les raisons, il y a notamment l’autocensure de la part des élèves en situation de handicap face à la difficulté que peut représenter en apparence un cursus dans l’enseignement supérieur.

Afin de lutter contre ce phénomène et de permettre de démocratiser l’accès à l’enseignement supérieur, des associations se mobilisent. C’est notamment le cas d’un membre associé de la FAGE, la Fédéeh , qui développe le programme PHARES. Il s’agit d’un programme de tutorat développé pour des lycéens en situation de handicap afin de les accompagner vers l’enseignement supérieur. Animé par des étudiants dans le cadre d’un partenariat avec l’établissement du supérieur, il s’agit notamment de travailler sur la confiance en soi, la valorisation des compétences ou le développement de l’esprit critique. Lauréat La France s’Engage, le dispositif continue de se développer dans de nombreuses académies et constitue une vraie réponse à l’accompagnement nécessaire vers le supérieur pour les milliers d'élèves en situation de handicap.

Favoriser l’épanouissement au sein des études comme facteur de réussite

L’accès aux études constitue aujourd’hui l’enjeu principal mais ce n’est pas le seul. La réussite dans les études est également primordiale. L’accès à une qualification et donc la réussite de son cursus dans le supérieur constitue pour un jeune le meilleur rempart contre le chômage et cette situation de handicap. Afin de favoriser l’épanouissement et la réussite dans les études, il est primordial de renforcer l’accès aux droits. C’est notamment le rôle des élus étudiants dans les conseils universitaires de s’assurer de la bonne marche des missions handicap en collaboration avec les services de santé universitaires qui ont les compétences de suivi et d’accompagnement de ce public spécifique. C’est également les élus qui peuvent faciliter la mise en place de régimes spéciaux d’études adaptés à la situation de l’étudiant. On peut aussi par exemple faire la promotion des dispositifs qui permettent de gagner en expérience professionnelle ou culturelle comme la mobilité Erasmus +. Il existe un programme spécifique pour les étudiants en situation de handicap 4 permettant de prendre en charge les surcoûts liés au handicap lors d’un séjour d’études à l’étranger. C’est à peine plus d’un millier de personnes qui en ont bénéficié lors de l’année dernière sur l’ensemble des pays membres du programme. Il semble donc important de promouvoir ce dispositif, en en faisant notamment une priorité pour les missions handicap.

Enfin, pour favoriser la réussite, nous devons aussi valoriser comme pour tous les étudiants l’implication dans la vie de campus. La FAGE et ses associations ont compris, parce que c’est notre modèle depuis bientôt trois décennies, que l’épanouissement dans le cursus passe aussi par l’implication dans des projets, des activités extracurriculaires. C’est dans ce cadre que la FAGE élabore actuellement une campagne pour l’accessibilité des associations du réseau au travers d’un label. L’objectif est de sensibiliser les associations et de les accompagner dans une démarche plus inclusive. C’est valable pour les événements qu’elles organisent mais aussi pour la vie interne de l’association. Augmenter la participation de jeunes en situation de handicap à la vie des associations étudiantes, c’est faire de nos campus des lieux d’inclusion sociale et d’inspiration pour le reste de la société. 

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