Le Service National Universel : Le symptôme du manque d’ambition politique et de considération à l’égard des jeunes

16/05/18

C’est aujourd’hui sans concertation avec les jeunes, les principaux concernés par ce projet, que le gouvernement avance à coup de rapport et de groupes de travail sur le service national universel (SNU). Ce défaut de dialogue social est symptomatique d’un manque de considération des corps intermédiaires pourtant essentiel dans une démocratie sociale et révélateur d’un certain snobisme à l’égard des jeunes.

Avec le SNU, promesse de campagne du Président de la République, le gouvernement espère pouvoir « remettre la jeunesse dans le droit chemin » et faire ainsi planer au-dessus de nos têtes, telle une épée de Damoclès, le spectre du non regretté service militaire abandonné en 1997 par Jacques Chirac.

Rappelons tout de même que ce même service militaire, dont on peut totalement saisir le lien de paternité qu’il a avec le probable futur SNU proposé par le gouvernement, a été abandonné suite à une opposition forte de la jeunesse, pour des raisons budgétaires, et pour l’absence de plus-value sociale et sociétale.

Le SNU ne serait pas finalement une manière détournée de remettre en place un dispositif du « vieux monde » pourtant souvent critiqué par l’exécutif ? Les dernières annonces, suite à la remise du rapport par le groupe de travail en charge de ce sujet à l’Élysée, pointent la question d’un service obligatoire d’un mois en internat.

Toutes les organisations de jeunesse s’accordent à dénoncer cet acte manqué, cette « fausse bonne idée » qui se donne pour objectif de créer plus de mixité et d’offrir à la jeunesse une expérience d’émancipation citoyenne. Si ces objectifs sont partagés par la FAGE, la méthode et la cible sont une erreur car c’est au sein de l’École Républicaine qu’ils doivent se concrétiser. Et que dire du volontariat en service civique (VSC), dispositif plébiscité par la jeunesse, qui a fait ses preuves depuis plusieurs années. Quelle articulation et quelle cohérence avec le SNU? Le VSC ne risque-t-il pas d’être sacrifié sur l’autel d’un caractère obligatoire et coercitif qui nie la dimension exclusivement volontaire de l’engagement sincère et émancipateur ? La création d’un SNU est contradictoire avec l’objectif d’universalisation du volontariat en service civique chère à la FAGE.

Le projet européen était au cœur du projet du Président de la République, pourtant il est inexistant dans le projet de SNU. La création d’un « Erasmus Universel » qui permettrait à chaque jeune, élève, étudiant ou encore chômeur de prendre part à une mobilité européenne tout en y portant un projet émancipateur répond pourtant de ces mêmes objectifs. L’absence de dialogue civil et social sur ce projet gouvernemental occulte ces alternatives auxquelles la jeunesse aspire réellement.

Autre point noir du projet : le coût ! La fourchette basse annonce un coût exorbitant de 3 milliards d’euros.

Depuis de nombreuses années, les universités souffrent d’un manque criant de ressources financières pour faire face à l’afflux toujours plus massif d’étudiants désireux d’étudier, d’accéder au savoir critique, à la qualification et de s’insérer socialement et professionnellement dans notre société. Il est tout de même important de rappeler que le premier vecteur d’émancipation des jeunes passe par leur accès à l’emploi et l’amélioration de leur insertion sociale et professionnelle, dont la formation et la qualification sont des facteurs déterminants.

Le manque de moyens dans l’enseignement supérieur entérine une sélection par manque de places. Si de nombreux efforts ont été faits dans le cadre du Plan Etudiants au travers de l’investissement de la FAGE dans une négociation intransigeante et constructive, les financements apportés ne sont aujourd’hui pas à la hauteur. Comment le gouvernement explique-t-il ici qu’il faut restreindre les finances publiques alors qu’il y a un enjeu social et économique essentiel pour notre Pays d’y investir un milliard d’euros supplémentaires par an ? Comment justifier de ce choix politique d’investir au minimum 3 milliards d’euros par an dans un dispositif que la jeunesse ne souhaite pas et dont l’efficacité et loin d’être avérée ? C’est un contresens lourd de conséquences et la FAGE ne tolérera pas que l’on sacrifie le budget de l’enseignement supérieur au profit de l’encasernement de la jeunesse.

En bref, la FAGE demande :

  • L’ouverture d’une concertation des organisations de jeunesse dans les plus brefs délais, ce projet ne saurait voir le jour sans une contribution active des jeunes eux-mêmes.
  • Un investissement massif dans l’enseignement supérieur et la recherche à hauteur d’un milliard d’euros par ans sur le quinquennat

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