Priorité Prévention : enfin des actions concrètes pour la santé des jeunes ?

05/04/18

Le 26 Mars dernier Édouard Philippe et Agnès Buzyn dévoilaient dans une conférence de presse un grand plan de prévention pour l’ensemble de la population. A la suite de la stratégie nationale de santé, venant fixer les grands objectifs du quinquennat en matière de santé, un plan intitulé « priorité prévention : rester en bonne santé tout au long de sa vie » a permis d’expliciter la volonté d’actions concrètes. Mais qu’en est-il des jeunes dans ce plan ?

Un grand plan pour tous les publics

Le grand plan « priorité prévention » présenté par le gouvernement la semaine dernière se veut être très large. En effet, il s'adresse à toutes les catégories de la population, en ciblant différentes époques de la vie :

  • Une grossesse en pleine santé et les 1 000 premiers jours garants de la suite,

  • La santé des enfants et des jeunes, avec notamment un renforcement de l’accompagnement par la création d’unités « Kangourou »

  • La santé des adultes de 25-65 ans,

  • Bien vieillir et prévention de la perte d’autonomie.

A noter un gros axe dédié à la santé au travail avec la lutte contre les troubles musculo-squelettiques et la promotion du bien-être au travail. Enfin, parmi les annonces pour les personnes âgées, il est important de souligner la généralisation du dispositif de vaccination antigrippale des publics fragiles par les pharmaciens. Expérimenté en région AURA et Nouvelle Aquitaine, ce dispositif sera élargi à l’ensemble du territoire pour permettre une meilleure efficacité de la couverture vaccinale. Si c’est une avancée pour les professionnels concernés, il est toutefois regrettable que ce dispositif ne prenne pas en compte une offre vaccinale plus large.

Les établissements comme premiers relais des actions de prévention

Parmi les quatre volets du plan prévention figure en bonne place la question des enfants et des jeunes. Les jeunes générations représentent un véritable enjeu pour avoir une population en bonne santé dans les années à venir et l’effort de prévention doit donc être ambitieux. Afin de toucher efficacement les jeunes et d’adopter une démarche de prévention et de promotion de la santé dès le plus jeune âge, l’école doit jouer un rôle majeur. C’est en ce sens que le plan prévoit de « généraliser le parcours éducatif de santé ». Parmi les actions pour les élèves du secondaire, devraient être expérimentés les ambassadeurs-élèves sur le modèle de leurs ainés, les étudiants relais santé. Il y a également une volonté, que la FAGE ne peut que saluer, de développer les partenariats avec des structures et des associations territoriales telles que les consultations jeunes consommateurs pour lutter contre l'accroissement des comportements addictifs dans les établissements.

A l’instar de l’école, le monde de l’enseignement supérieur doit également s’adapter aux besoins en matière de santé et devenir « un lieu de promotion de la santé ». La FAGE porte cette vision et a pu la faire valoir dans la stratégie nationale de santé par le biais de sa contribution sur la santé des étudiants. Les Services Universitaires de Médecine Préventive et de Promotion de la Santé doivent progressivement muter vers le modèle de Centres de Santé Universitaires. C’était un engagement, non tenu du précédent mandat présidentiel, qui a été renouvelé par Agnès Buzyn. La FAGE sera attentive à sa concrétisation. Elle aura également à cœur de renforcer la place des étudiants dans les différentes instances ainsi que dans les dispositifs de santé publique afin de faire valoir les attributs de la promotion par les pairs.

Une vision globale pour la santé des étudiants

Si l’on rentre un peu plus dans le détail des thématiques abordées, on voit une approche très large sur la santé des jeunes. S’il est impératif d’agir de manière transversale, la prise en compte de tous les déterminants de santé est primordiale. Nous pouvons retrouver des thématiques déjà traitées par la FAGE et ses fédérations avec par exemple la question de l’accès à une alimentation saine notamment au travers d’une campagne de communication basée sur les repères nutritionnels.

Il est également question de la santé affective et sexuelle avec l’élargissement à tous les jeunes de la consultation santé sexuelle (auparavant appelée consultation longue IST/Contraception, réservée uniquement aux jeunes filles) ainsi qu’une expérimentation d’un PASS préservatif. Ces deux dispositifs ont pour finalité de lutter contre la propagation des IST et des interruptions volontaires de grossesse chez les jeunes. S'il faut saluer les efforts réalisés dans ce sens, ceux-ci doivent toutefois s’accompagner d’un réel message d’éducation à la sexualité dès le plus jeune âge.

La question de la réduction du mal-être chez les jeunes est largement abordée sous plusieurs aspects. Il est fait mention de l’expérimentation « Ecout’Emoi » pour laquelle la FAGE a été partie prenante au sein du comité de pilotage. Elle vise à financer intégralement des consultations de psychologue pour des jeunes de 11 à 21 ans en situation de souffrance psychique. Enfin le plan préconise le développement de programmes concernant la réduction du stress chez les étudiants. Tout cela fait nécessairement écho à la volonté de garantir des conditions d’études et de stage respectueuses du bien-être des personnes, notamment dans le champ de la santé, comme ont pu l’annoncer Frédérique Vidal et Agnès Buzyn à la suite du rendu du Rapport Marra.

Enfin, la problématique des addictions est très présente. Il s’agit d’un des chevaux de bataille de la ministre avec notamment l’augmentation substantielle du prix du paquet de cigarette à 10€. Mais Agnès Buzyn souhaite également s'attaquer au cannabis, dont la consommation est en hausse. Si des modifications législatives sont à prévoir sur la pénalisation de cette consommation, il nous semble cependant indispensable de les combiner avec une véritable approche de réduction des risques et d’information auprès des jeunes. C’est d’ailleurs dans ce cadre que la FAGE a lancé l’an passé un groupe de travail pour le développement d’une campagne sur les addictions chez les étudiants.

Un dispositif au cœur des ambitions en matière de santé

Impossible d’aborder les questions de prévention et de promotion de la santé chez les jeunes en ce moment sans évoquer le service sanitaire. Le dispositif sera mis en place pour une grande partie des étudiants en santé sur l’ensemble du territoire. Le service sanitaire aura pour objectifs d'une part de développer les compétences chez les futurs professionnels de santé et d'autre part, de répondre aux enjeux en matière de santé. Deux des thématiques principales traitées par les étudiants en service sanitaire seront les addictions et la vie affective et sexuelle. Une manière de lier les différents enjeux et les dispositifs innovants.

La FAGE sera vigilante à ce que toutes ces mesures soient correctement financées afin de ne pas faire peser la responsabilité sur des acteurs associatifs ou des établissements déjà limités dans leur mission. La prévention doit faire l’objet de grandes ambitions mais pas seulement lors des annonces politiques. En tant qu’acteurs de terrain, les fédérations et associations de la FAGE seront attentives à la mise en place d’une politique concrète de prévention, notamment à destination des jeunes.

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