Expérimentations PACES : la FAGE réservée sur le projet de décret

11/12/2013

La loi ESR du 22 juillet prévoit dans son article 39 la mise en place d'expérimentations dans les filières concernées par la PACES (première année commune des études de santé) afin de diversifier les moyens d'entrée en études de médecine, pharmacie, odontologie et maïeutique. Le projet de décret précisant ces dispositions reste très imparfait.

Un travail qui a manqué de souffle

Cet article ouvrait la porte à une réflexion sur l'avenir de la PACES et des études de santé en général. À l'heure où notre pays souffre de nombreux déserts médicaux, où le système de santé français se dégrade, où la PACES entretient encore et toujours une hiérarchie entre les filières médecine, pharmacie, odontologie et maïeutique, où aucun palier d'orientation n'est prévu, évitant ainsi aux étudiants de recommencer leurs études à zéro et cas de réorientation, ces expérimentations étaient une chance à saisir, pour l'avenir des filières de santé et pour l'avenir des jeunes.

Cette chance n'a pas été saisie. Premièrement, les filières de la réadaptation et de la rééducation ainsi que la filière soins infirmiers ont été écartées dès le départ de ces expérimentations. De plus, la gestion de ce dossier par le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche n'a permis aucun dialogue, aucune réelle ambition ou concertation constructive. La parole des étudiants et de la FAGE sur ce dossier n'a pas été prise en compte.

Des discussions difficiles. L'information aux lycéens reste une crainte.

Les dossiers d'expérimentation définitifs n'ont été envoyés aux organisations représentatives que le 6 novembre. Le projet de décret n'a été communiqué que le 26 novembre. Les commissions censées rendre un avis sur ce dossier n'ont pas pu le faire, faute d'avoir eu le projet de décret à temps. Le Ministère ne s'en est pas ému et a annoncé par courrier aux universités concernées la décision prise sur leurs projets d'expérimentation et ce, sans consultation du CNESER (conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche).

L'information aux lycéens, clef de voute de la réussite de ces expérimentations, n'a pas été prévue dans tous les projets d'expérimentation. En effet, il existera, si ce décret est adopté, deux manières différentes de suivre la filière médecine, pharmacie, odontologie ou maïeutique, et aucun dispositif particulier n'a été pensé pour en informer les lycéens.

3 points de blocage autour du décret

Ce projet de décret contient bon nombre d'imprécisions.

Il parle, par exemple, des « quatre filières de santé », sous-entendu les quatre filières de la PACES, en occultant de fait du domaine de la santé les autres filières existantes. La FAGE estime au contraire qu'il est indispensable d'aller vers plus d'interdisciplinarité au sein des études de santé, et que réduire ce terme au spectre des quatre filières de la PACES serait trop réducteur.

Le décret prévoit l'examen de dossiers de candidature en précisant comme seul critère le mérite, sans plus de détails. Le projet professionnel de l'étudiant n'entre ainsi pas en ligne de compte dans l'examen de ces candidatures. La FAGE demande à ce que soit précisée cette notion, en ne laissant pas la possibilité de sélectionner les étudiants sur les notes du baccalauréat, en donnant plus d'importance aux résultats académiques les plus récents et en veillant à ne pas faire de hiérarchie sur la base de la provenance académique de l'étudiant. Le projet professionnel de l'étudiant doit influer sur la décision du jury.

Le décret prévoit enfin que lorsque le jury ne peut pas pourvoir toutes les places offertes par une voie d'admission, ce dernier peut reporter les places non pourvues au bénéfice de la voie ouverte à l'issue de la PACES, dans une proportion qui n'excède pas 20 %. La FAGE demande à ce que toute référence à un pourcentage soit supprimée, afin de ne pas empêcher des étudiants issus de la PACES de tout de même poursuivre en deuxième année.

Quid de l'annonce de mise en place d'une Licence santé ?

En parallèle de ces expérimentations, la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Geneviève Fioraso, ainsi que Marisol Touraine, Ministre des Affaires Sociales et de la Santé, annoncent la mise en place d'une Licence santé d'ici 2015, sans préciser davantage leur projet, remettant en cause l'existence même de la PACES. Quel est alors le but de ces expérimentations ? Quels liens existent entre les expérimentations et ce projet de Licence santé ? Quelle cohérence y a-t'il dans toutes ces annonces ?

La FAGE souhaite des réponses du Ministère devant la précipitation perceptible autour de ce dossier, et que le lien entre ces expérimentations et l'annonce de la Licence santé soit explicité.

En effet, nous ne pourrons accepter que six générations de professionnels de santé soient sacrifiées du fait d'une trop grande précipitation et d'un manque d'idées, d'ambition et d'innovation sur ce dossier. Cela ne montrerait que le peu d'intérêt que la Ministre porte au devenir des jeunes ayant décidés de faire de la santé leur métier.

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