Le drôle de dialogue social de Geneviève Fioraso

12/02/14

Jeudi 13 février 2014 sera installé le comité pour la stratégie nationale de l'enseignement supérieur, présidé par Sophie Béjean dont le rapporteur est Bertrand Monthubert. Ce comité devra rendre un rapport à la Ministre Geneviève Fioraso en juin prochain, qui décidera ensuite des propositions à retenir et les présentera aux instances de concertation avant de les soumettre au vote du Parlement. Cela s'inscrit dans les dispositions de loi d'orientation de l'Enseignement supérieur et de la Recherche qui prévoit qu'une stratégie nationale soit soumise au Parlement et révisée tous les cinq ans. De plus, la mise en œuvre de ce plan doit faire l'objet d'un rapport biennal remis au Parlement.

La FAGE attache une importance particulière à ce que la représentation nationale participe pleinement à la stratégie de l'Enseignement supérieur et de la Recherche tant ce domaine est vecteur de progrès sociétaux et de relance économique.

Pour autant, alors qu'aujourd'hui, 12 février 2014, est publiée la liste des 25 membres du comité, la FAGE n'entend pas laisser le gouvernement écarter de cette stratégie quinquennale les organisations représentant la communauté universitaire.

Effectivement, comme il en avait été le cas pour la constitution du comité Sup'Emploi installé le 9 décembre, la Ministre opte pour la nomination de personnes à titre individuel contournant les organisations représentatives, sans doute trop encombrantes.

Geneviève Fioraso avait dit vouloir remettre le dialogue social au cœur des pratiques du Ministère dont elle a la charge. Elle avait également affirmé vouloir mettre fin à ce qu'elle considérait comme des humiliations de la communauté universitaire. Pourtant aujourd'hui, c'est bien Madame Fioraso qui s'affranchit de la représentation de cette même communauté.

Si l'on peut espérer que des négociations aient lieu après la remise du rapport par le comité ; cela ne répond pas à l'objectif de co-construction des politiques publiques défendu par la FAGE. C'est au contraire renfermer les organisations représentatives dans un rôle binaire et souvent partisan de vassal ou d'opposant, bien éloigné de la défense de l'intérêt général. Ces pratiques nuisent au débat politique et surtout à l'efficacité des politiques publiques envisagées.

Alors que les étudiants attendent un rapport réalisé dans le cadre de la Modernisation de l'Action Publique ayant pour objet la vie étudiante, annoncé en septembre 2013 et indéfiniment repoussé ;

Alors que les étudiants en formations paramédicales désespèrent de voir publié un rapport de l'inspection générale des affaires sociales et de l'inspection générale de l'éducation nationale et de la recherche traitant de l'avenir de leurs formations, annoncé pour juillet 2013 ;

Alors que les rendez-vous sont indéfiniment repoussés, que l'ensemble des médias se fait l'écho du malaise sanitaire et de la précarité administrative que connaissent les étudiants à cause du régime de sécurité sociale étudiant délégué,

Alors qu'après un budget des CROUS en baisse historique leurs personnels sont en grève,

Madame la Ministre déclare qu' « il faut enseigner la culture de l'entrepreneuriat dès la maternelle », dit vouloir « réenchanter les universités » tout en invitant les Présidents d'universités à aller se former à la gestion à l'Ecole Nationale d'Administration (établissement non universitaire) ou encore vouloir que les universités acquièrent une culture de « centre de coûts et de centre de profits ».

Composition du comité pour la stratégie nationale de l'enseignement supérieur

  • Gérard Aschiéri : membre du Cese (Conseil économique social et environnemental), auteur du rapport « Réussir la démocratisation de l'enseignement supérieur : l'enjeu du premier cycle », ancien secrétaire général de la FSU ;
  • Godefroy Beauvallet : vice-président du Conseil national du numérique, maître de conférences associé à Télécom-ParisTech, directeur du fonds Axa pour la recherche ;
  • Michel Bouchaud : proviseur du lycée Louis-le-Grand, président de l'Association des proviseurs de lycée ayant des CPGE;
  • Christian Dautel : directeur de l'Ensa de Nantes ;
  • Jean-Paul Denanot : président de la région Limousin et de la commission « formation professionnelle et apprentissage » de l'ARF (Association des régions de France) ;
  • Emmanuel Ethis : président du Haut conseil de l'éducation artistique et culturelle, président de l'université d'Avignon ;
  • Flavia Ferrari Inchauspe : étudiante argentine, présidente de l'Association des anciens des lycées français du monde ;
  • Béatrice Gille : rectrice de l'académie de Nancy-Metz ,IGAENR ;
  • Franck Hendel : Prag, responsable des enseignements de professionnalisation dans les filières de sciences et techniques, ancien directeur du service de la formation continue de l'université de Bourgogne et du CFA du supérieur de Bourgogne ;
  • Pascal Morand : directeur général adjoint de la CCIP (Chambre de commerce et d'industrie Paris Île-de-France) et professeur à ESCP Europe, président de l'Institut pour l'innovation et la compétitivité et du Conseil stratégique des docks-Cité de la mode et du design, membre de l'académie des technologies ;
  • Sandrine Murcia : co-fondatrice et directrice générale de la société Spring Lab ;
  • Jean Pisani-Ferry : économiste, Commissaire général à la stratégie et à la prospective ;
  • Olivier Palombi : professeur à l'université Joseph Fourrier, responsable des enseignements numériques au sein de Grenoble laboratoire d'anatomie des Alpes françaises, spécialiste de l'innovation pédagogique par le numérique dans le domaine de la santé ;
  • Brigitte Plateau : présidente de Grenoble INP, a été membre du comité de pilotage des assises de l'enseignement supérieur et de la recherche ;
  • Marc Romainville : professeur à l'université de Namur, spécialiste de sciences de l'éducation et des questions d'innovations pédagogiques, il a mené des travaux sur l'analyse de l'échec à l'université ;
  • Charles Rozoy : étudiant en STAPS de l'université de Bourgogne, champion olympique handisport ;
  • Nazha Sbaï : membre du directoire de la Banque populaire - Caisse d'Épargne, diplômée de l'université ;
  • Andrée Sursock : secrétaire générale de l'EUA (Association européenne des universités), a été membre du comité de pilotage des assises de l'enseignement supérieur et de la recherche ;
  • François Taddei : ingénieur devenu généticien, directeur du Centre de recherche interdisciplinaire, membre du comité scientifique FUN (France université numérique) ;
  • Claire Thoury : doctorante en contratCifre, ancienne vice-présidente étudiante de l'université de Paris-III ;
  • Stéphan Vincent-Lancrin : économiste à l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) ;
  • Anne-Lucie Wack : directrice de Montpellier SupAgro, a été membre du comité de pilotage des assises de l'enseignement supérieur et de la recherche ;
  • Hélène Zajdela : professeure à l'université Paris-XIII, ancienne attachée de coopération universitaire à Londres et ancienne rectrice adjointe de l'université de Galatasaray en Turquie.

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