Les (nouveaux) défis des ESPE

15/10/14

Le 9 octobre s'est tenu le colloque de la CPU (Conférence des Présidents d'Universités) sur la formation des enseignants et son lien indispensable avec l'enseignement supérieur. Ce colloque fut l'occasion de revenir sur la réforme de 2013 créant les ESPE (écoles supérieures du professorat et de l'éducation) et leur conférant, entres autres, la mission de formation continue des enseignants du supérieur. La FAGE était présente à ce rendez-vous important pour l'avenir des approches pédagogiques dans l'enseignement, tant secondaire que supérieur.

Suite à la loi pour la refondation de l'Ecole de 2013, la formation des enseignants fut modifiée afin d'introduire davantage de professionnalisation, délaissée depuis la réforme de 2008. Cette évolution, accueillie avec beaucoup de fébrilité, fut pourtant l'occasion de remettre la question de la formation des enseignants au centre des préoccupations du ministère et de la communauté éducative.

La FAGE a pu à l'époque faire part de ses propositions concernant la place du concours et l'intégration des cursus Master MEEF dès la Licence. Mais force est de constater qu'un an après la mise en place de cette loi, le lancement des ESPE est plutôt timide et qu'il est nécessaire de rappeler et de préciser les objectifs initiaux de cette réforme.

Les ESPE déjà bout de souffle ou en cours de développement ?

En effet, beaucoup de critiques ont pu être faites au sujet de la mise en place des ESPE. Mises en place trop vite, réforme pas assez concertée, sans grand changement, etc. Pourtant, elle symbolise un changement de cap dans la politique de formation des enseignants qu'il est utile de ramener à sa juste valeur. Les ESPE demeurent une bonne avancée.

Les premiers projets n'ont qu'un an, il est donc nécessaire de donner du temps au temps afin que les maquettes et les nouveaux concours puissent réellement porter leurs fruits.

Pour autant, il est important de rappeler les objectifs initiaux de la mise en place des ESPE. En effet, le retour à une année de fonctionnaire-stagiaire n'est pas le seul objectif et la seule avancée théorique des ESPE. Il faut se souvenir que ces dernières ont aujourd'hui davantage de missions que les ex-IUFM (instituts universitaires de formation des maitres), au premier lieu desquelles la formation continue des enseignants du supérieur ainsi que l'instauration d'une logique de politique de site, c'est à dire partagée entre les différents acteurs d'une académie.

Un an après, ces avancées semblent avoir été oubliées, tout comme l'enjeu crucial que revêt les ESPE pour l'amélioration des pratiques pédagogiques des enseignants.

D'aucuns annoncent déjà le système à bout de souffle. La FAGE préfère parler de début d'un processus qui sera plus long à mettre en place, mais dont l'aboutissement est une condition sine qua non à l'amélioration de nos politiques éducatives.

Des problématiques pas si nouvelles que cela...

Ces problématiques ne sont pas nouvelles, mais elles doivent être sans cesse rappelées ! La formation continue des enseignants du supérieur, en lien avec les procédures d'évaluation par les étudiants des enseignements est d'une importance capitale. Le colloque de la CPU a pu relever cette problématique au vu des comparaisons internationales faites. Il ne faut aujourd'hui pas former des mathématiciens qui enseignent, mais bien des enseignants en mathématiques. C'est ce défi qui se dresse devant la mise en place des ESPE.

Une autre problématique soulevée par les acteurs a été le manque de coordination et d'interconnexions entre les différentes recherches en sciences de l'éducation, qui ne dialoguent pas entre-elles. L'accès à une meilleure qualité de recherche en sciences de l'éducation est pourtant primordial pour améliorer le niveau pédagogique des ESPE. C'est un élément sur lequel le ministère devrait s'investir afin de rendre plus profond le changement apporté par les ESPE.

Des avancées concrètes sont possibles

Il est indispensable d'avancer sur ces sujets, afin que cette réforme puisse enfin aboutir. Pourtant, ces avancées concrètes ne doivent pas éluder le besoin d'une réforme à plus long terme qui devra être nécessairement ambitieuse. En effet, malgré la création des Master MEEF, l'intégration de la formation des enseignants n'est pas assez liée aux Licences. Mettre en place des modules « enseignement » dès les premiers semestres de la Licence revêtirait pourtant l'avantage de désengorger les deux années de Master, et de permettre davantage de professionnalisation. Une réflexion sur la place future du concours est également à poursuivre, malgré la réforme.

Actuellement placé au milieu du Master, ce concours ne permet pas de mener une politique efficace en termes de formation des enseignants. Alors que l'on manque aujourd'hui d'enseignants, avons-nous vraiment le luxe de refuser des candidats après 4 ans d'études, à un an de la fin de leur formation ? Ne devrions-nous pas plutôt avancer ce concours à l'entrée du Master, afin de mieux intégrer ces formations à l'espace européen de l'enseignement supérieur, et ainsi donner un peu d'air à la première année de Master ? Celle-ci ne serait plus une année de bachotage annihilant la possibilité d'un vrai suivi pédagogique.

Toutes ces questions restent d'actualité, afin de relever les défis, pas si nouveaux que cela, de la formation des enseignants.

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour vous améliorer votre navigation, réaliser des statistiques de visites et vous donner accès à certaines fonctionnalités comme le tchat. En savoir plus et paramétrer les cookies individuellement