Grand Plan d’Investissement : un rapport encourageant qui nécessite plus d’ambition pour les jeunes

Annoncé durant la campagne présidentielle, le Grand Plan d’Investissement du gouvernement commence à dévoiler ses contours au travers d’un rapport au Premier Ministre réalisé par Jean Pisani Ferry. Le rapport comprenant de nombreux projets d’investissement en matière de formation et d’insertion des jeunes, la FAGE suivra de près la réalisation de ce plan.

15 milliards d’euros pour « édifier une société de compétences »

Le rapport au Premier Ministre de Jean Pisani Ferry ambitionne de lancer un Grand Plan d’Investissement répondant à un certain nombre d’enjeux économiques, sociaux et environnementaux. Le rapport se découpe ainsi en 4 axes de travail, dont un second axe sur l’édification d’une « société de compétence ». Si le rapport dans son ensemble fait un travail de prospective globale sur les évolutions économiques et technologiques, cet axe ne s’intéresse néanmoins qu’à la lutte contre le chômage, et peine à prendre en compte les évolutions globales de l’économie impactant largement l’organisation et la définition même du travail.

Ainsi, l’édification d’une « société de la connaissance » vise trois motifs : la compétitivité, le développement de l’activité économique et l’accès à l’emploi des personnes les moins qualifiées. L’accent mis sur l’accès à l’emploi apparaît nécessaire et salutaire. Il s’agît dès lors pour Jean Pisani Ferry d’agir sur le chômage structurel par la formation et la lutte contre le décrochage scolaire, en visant une baisse de 2 points du chômage structurel d’ici 2022.

Agir pour l’insertion des jeunes : des pistes intéressantes mais qui doivent aller plus loin

Le Grand Plan d’Investissement prévoit de financer des mesures sur l’accès à l’emploi et l’insertion des jeunes : renforcement des droits individuels à la formation, facilitation de l’accès à l’information sur les formations ou encore l’extension de la Garantie Jeunes. Il est salutaire que Jean Pisani Ferry souligne la nécessaire montée en compétence de ceux qui sont le plus éloignés de l’emploi pour lutter contre le chômage.

En effet, dans son Livre Blanc de l’Emploi des Jeunes présenté lors de son Congrès National en septembre 2017, la FAGE réaffirme son attachement à l’accès à un emploi de qualité comme principal vecteur d’accès à l’autonomie des jeunes. 

A ce titre, la FAGE propose d’aller plus loin pour repenser la politique de l’emploi et de la formation en créant un véritable droit universel à la formation pour assurer que tout un chacun puisse bénéficier de formations tout au long de sa vie. Plus encore, il est urgent de repenser l’insertion sociale des jeunes, trop souvent privés de protection sociale. La Garantie Jeunes ayant fait la preuve de son efficacité, il est aujourd’hui nécessaire d’en faire un véritable dispositif de Garantie Jeunes Universelle qui soit accessible à tous les jeunes en prenant en compte les différentes situations auxquelles ils font face : décrochage, insertion ou emploi atypique.

A ce titre, les 13,8 milliards d’euros annoncés dans le cadre du Grand Plan d’Investissement pour la formation des demandeurs d’emploi et l’accompagnement des jeunes est à saluer, mais nécessitera une véritable ambition en matière d’autonomie.

Repenser le premier cycle universitaire : une urgence et des risques

Si le rapport de Jean Pisani Ferry souligne l’urgence de réformer le premier cycle universitaire en soulignant « l’échec massif à l’université », il offre une vision réductrice de la question de la réussite étudiante sans souligner la diversité des parcours et les problématiques de démocratisation des études supérieures. En effet, si l’échec en Licence est problématique, la priorité pour la FAGE est - et reste – la démocratisation de l'accès et de la réussite dans les études supérieures, à l’heure où les déterminismes sociaux semblent plus ancrés que jamais.

Reste une nécessité d’une réforme profonde du premier cycle de l’enseignement supérieur, qui fait actuellement l’objet de concertations au Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) auxquelles la FAGE participe activement. Ces concertations déboucheront sur une réforme qui sera, selon le rapport du Grand Plan d’Investissement, accompagnée d’un investissement de 450 millions d’euros.

Ces 450 millions d’euros, issus du 3ème Plan d’Investissement d’Avenir sont nécessaires, mais restent aujourd’hui insuffisants au regard des enjeux de formation et de démocratisation qui touchent l’enseignement supérieur.

Il s’agît donc d’un rapport prometteur à certains égards, mais qui reste encore insuffisant pour des questions aussi cruciales que l’emploi des jeunes et la réforme du premier cycle universitaire. Il est urgent que le gouvernement entame le dialogue avec la société civile, en particulier les organisations de jeunesse, sur la mise en place de ce Grand Plan d’Investissement. 

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