Améliorer l'orientation post-bac

17/09/14

A peine entamée, cette année universitaire fait déjà parler d'elle. Plusieurs universités annoncent devoir limiter leur capacité d'accueil. D'autres, comme Toulouse 3, sont submergées par le nombre d'étudiants en cette rentrée. Certains n'hésitent plus à parler de sélection ou encore d'orientation obligatoire en fonction de la filière choisie au lycée, pointant du doigt la venue des bacheliers professionnels sur les bancs de l'université. Ceux-là oublient que ces situations ne concernent que quelques étudiants, et ne pourraient expliquer à elles seules le problème structurel qui se pose actuellement dans le système scolaire français. Force est de constater qu'il va falloir le faire évoluer pour atteindre l'objectif d'avoir 50% d'une classe d'âge diplômée du supérieur.

Un problème d'orientation qui prend sa source au lycée

Il serait illusoire d'incomber à l'université un problème d'orientation qui prend logiquement sa source en amont, c'est à dire au Lycée. Il est nécessaire de revoir son fonctionnement afin de le rendre plus à même d'orienter les jeunes de manière plus éclairée.

A ce titre, la FAGE dénonce la filièrisation du lycée général telle qu'elle est faite aujourd'hui, en faisant coexister trois filières : scientifique, économique et sociale, littéraire, institutionnalisant ainsi une voie royale (en l'occurrence scientifique), délaissant de fait les autres disciplines. Ce système porte en lui une logique tubulaire dont on connaît les conséquences concernant les erreurs d'orientation des lycéens.

Il serait au contraire nécessaire de rendre plus souple le lycée général, en supprimant la logique de filières au profit d'une logique d'options. Cela permettrait aux lycéens de pouvoir s'aventurer dans de nouvelles disciplines, de domaines différents, chose impossible actuellement, tout en conservant l'enseignement d'un tronc commun important.

De plus, il est indispensable de décloisonner les différentes voies d'orientation en augmentant le nombre de passerelles, et en facilitant leurs recours, notamment entre le lycée général, technologique et professionnel.

Ces passerelles ne concernent la plupart du temps que des trajectoires allant du lycée général vers le lycée professionnel. Un effort doit être entrepris à l'intensification des passerelles allant du lycée professionnel vers le lycée technologique et général. Ces passerelles doivent pouvoir s'appuyer sur des stages de réorientation.

Enfin, il faut réformer le baccalauréat, en supprimant l'examen tel qu'il existe actuellement, qui au mieux n'apporte rien en termes de développement de compétences, et qui, au pire, fait échouer des lycéens qui avaient par ailleurs très bien réussi leur scolarité. Il est nécessaire de supprimer cet examen au profit d'une approche certificative du diplôme national du baccalauréat, basée uniquement sur les résultats durant l'année, permettant par la même au livret personnel de compétences (LPC) de voir son rôle s'accroitre dans le suivi de chaque élève.

Atténuer la rupture entre secondaire et supérieur

Un des éléments important concernant l'orientation des lycéens demeure la rupture qui existe entre le secondaire et le supérieur. Il faut la résorber.

A ce titre, l'acte III de décentralisation devrait donner quelques orientations, en confiant aux régions le service public d'orientation. Il est urgent de palier la disparité des interlocuteurs non identifiés par les jeunes. A ce titre, la FAGE milite pour la constitution d'un guichet unique de l'orientation, national, tirant profit des missions et des acteurs existants afin de permettre aux lycéens de trouver un interlocuteur pertinent durant leur période d'orientation. Ce guichet unique devra mettre à disposition de tous les lycéens les informations nécessaires à leur orientation et au développement de leur projet professionnel. Ce guichet unique, en mettant en relation l'ensemble des acteurs, permettrait un transfert d'informations plus optimal, et une complémentarité des compétences plus efficaces.

En parallèle, un investissement particulier doit être mis sur le développement de portails numériques, tels qu'Admission Post-Bac. Il est d'ailleurs nécessaire que l'ensemble des formations du supérieur soit intégré dans le portail APB, ce qui n'est pas le cas actuellement.

Plus globalement, la mise en place d'un livret scolaire numérique, basé sur le livret personnel de compétences (LPC) est à ce titre une mesure qui permettrait d'élargir les possibilités actuelles en termes de gestion des situations d'orientation. Ce livret ferait figurer les compétences acquises par les lycéens au cours de leur scolarité, en le liant au portail admission post-bac (APB). Le transfert des informations, point faible du système actuel, serait ainsi optimisé, et permettrait une orientation facilitée.

Le développement de cartographies multifactorielles des formations du supérieur est à valoriser. Il permettrait de centraliser les informations à destination des lycéens, en fonction des critères de leurs choix, contrairement aux classements et autres palmarès qui biaisent souvent les informations par excès de simplification.

Enfin, il est indispensable de rendre plus nombreuses les interactions entre le lycée et le supérieur, notamment l'université, en favorisant un ensemble d'initiatives qui permettrait de rapprocher le lycée des filières du supérieur, comme l'organisation de séminaires de présentation des formations du supérieur, en classe en 1ère et Terminale, afin de démystifier le regard que les lycéens peuvent se faire de l'éducation post-baccalauréat.

L'organisation d'enseignements dans les universités, à destination des lycéens, dispensés par les enseignants-chercheurs serait là un moyen pertinent d'attiser la curiosité des lycéens vers l'université.

Un nécessaire travail à mener en cette rentrée

Un travail doit donc être mené en cette rentrée, afin de faire de l'amélioration de l'orientation dans le supérieur une priorité, et relancer de cette manière l'ascenseur social que doit être le lycée. Nous ne pouvons plus attendre de l'université qu'elle règle toutes les problématiques d'orientation, ni nous en remettre à l'illusion de la sélection à l'entrée. Ce dont a besoin notre système éducatif, c'est d'un changement profond, pragmatique, prenant source dans une concertation large de l'ensemble des parties prenantes.

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour vous améliorer votre navigation, réaliser des statistiques de visites et vous donner accès à certaines fonctionnalités comme le tchat. En savoir plus et paramétrer les cookies individuellement