L’usage du numérique, comme outil, doit permettre l’émergence d’un enseignement centré sur l’étudiant, c’est à dire adoptant une pédagogie active s’attachant plus à valoriser une logique essai-erreur plutôt qu’une logique de sanction pure. En effet, l’intérêt du numérique est notamment de pouvoir déstigmatiser les erreurs en se focalisant sur les progrès réalisés par l’étudiant. La forme et l’utilité des cours en présentiel évolueraient ainsi en permettant une plus grande interactivité entre étudiants, en débattant sur le cours ou sur des travaux, contrairement à aujourd’hui. En effet, actuellement le cours est enseigné en présentiel de manière collective (dans un amphi, une salle) et il est appris par l’étudiant, seul à la bibliothèque ou chez lui. L’apport du numérique permettrait de renverser ce système, avec un enseignement à distance individuellement (le cours est envoyé en amont à l’étudiant qui l’étudie) et un apprentissage en présentiel, de manière collective (un débat sur le thème étudié).

L’idée selon laquelle l’étudiant ne souhaiterait apprendre que pour un unique enseignant, lui donnant une évaluation trois mois après son rendu est révolue. En effet, à travers le développement des réseaux collaboratifs et sociaux, l’étudiant cherche davantage à ce que son travail soit vu et jugé par une communauté d’apprentissage, de manière quasi-instantanée. Ainsi, des logiques de coopérations interdisciplinaires, ou entre étudiants d’années inférieures et supérieures seraient facilitées ! Cet élément donnerait aux étudiants une plus grande responsabilité dans leur apprentissage, et favoriserait ainsi la réussite.

Bien entendu, le rôle et la place de l’enseignant, qui ne doit plus être vu comme une personne qui ne fait que sanctionner, mais comme un accompagnateur, un motivateur et un tuteur d’apprentissage, doivent être réaffirmés. Pour la FAGE, cet aspect est central pour bien aborder la problématique de la pédagogie. En effet, les évolutions de carrière des enseignants-chercheurs étant uniquement basées sur les activités de recherche, ces derniers ne sont pas du tout incités à innover, ce qui bride les expérimentations pédagogiques !

Trois leviers doivent être mobilisés pour faire émerger une "culture numérique de l’apprentissage" :

• la procédure d’accréditation pilotée par le ministère, qui doit servir de levier incitatif au développement du numérique.

• la reconnaissance des activités pédagogiques dans la carrière des enseignants-chercheurs, et la formation continue des enseignants chercheurs, nœud central sans lequel les pratiques pédagogiques ne pourront se développer massivement.

• Les lieux et les rythmes d’apprentissage, afin de tirer tout le potentiel des outils numériques. En effet, il est indispensable de développer des lieux réellement faits pour un apprentissage collaboratif (il est par exemple compliqué dans beaucoup de bibliothèques universitaires d’avoir accès à une base de donnée numérique, ou encore à des salles de travail collectives). Ce n’est qu’avec le développement de ces lieux d’apprentissage innovants qu’une véritable culture du numérique pourra émerger.

Ainsi, il est nécessaire selon la FAGE de développer une vision inclusive du numérique dans l’enseignement, et en particulier dans l’enseignement supérieur, en ne le considérant pas comme une finalité, mais bien comme un moyen de rénover les pratiques pédagogiques.