Le CNESER refuse la création du conseil national éducation-économie : quand les postures engendrent un immobilisme stérile

25/02/15

Lundi 23 Février, au cours de la séance plénière du conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (CNESER), un projet de décret élargissant les compétences du conseil national éducation-économie (CN2E) à l’enseignement supérieur (et non plus seulement au secondaire comme c’était le cas) était prévu à l’ordre du jour. Cette disposition a fait l’objet d’un débat que l’on pensait révolu...

Ce projet de décret n’était pas censé faire de vague. L’élargissement des missions du CN2E à l’enseignement supérieur (en englobant ainsi l’ancien comité sup’ emploi) permettra à ce conseil d’être plus visible, et de mieux s’approprier la problématique centrale du continuum lycée-université. Cette modification, si elle est salutaire, ne crée rien de réellement nouveau. Les missions du conseil sont globalement les même : animer une réflexion prospective sur l’articulation entre le système éducatif, incluant l’enseignement scolaire et l’enseignement supérieur, et les enjeux et besoins du monde économique, ainsi que de développer un dialogue permanent sur ce thème.

Pourtant, plusieurs organisations membres du CNESER ont refusé ce projet de décret. Prétextant une composition trop lâche ne citant pas les types de membres (étudiants, enseignants, etc.) mais ne parlant que de membres désignés par le ministère en raison de leurs compétences et de leur expérience dans le domaine de l’économie et de l’éducation, certaines organisations ont fait pencher la balance en faveur du rejet du texte. Ces dispositions étaient pourtant déjà prévues dans l’ancienne version du CN2E, et ce dernier regroupait bien l’ensemble des organisations représentatives… Cette rédaction permettait de désigner des membres extérieurs, des personnalités particulièrement au point sur les questions d’éducation et d’économie et se situant hors du champ des organisations représentatives, ce qui était plutôt salutaire.

Au fond, c’est le vieux débat de la place de l’université vis à vis du monde professionnel qui était au cœur des discussions. Cette vieille rengaine d’une université qui devrait à tout prix rester en dehors de la société, isolée, et purement académique, ne devant pas traiter avec son environnement économique, social et culturel semblait pourtant avoir été dépassé par la communauté universitaire. Elle a refait surface lundi.

La FAGE dénonce ces postures de façade. En plus d’engendrer un immobilisme stérile, elles traduisent une hypocrisie coupable. En effet, les organisations se dressant en séance plénière du CNESER contre ce qu’elles désignent comme étant une marchandisation des savoirs sont les premières à participer aux groupes de travail des conseils constitués jusqu’alors, notamment du Sup’ emploi.

Si l’enseignement supérieur doit rester un bien public, financé majoritairement par l’Etat et non par des fonds privés, refuser la création de ce conseil revient à ne pas comprendre que l’insertion professionnelle est une des missions de l’université, et que c’est une des motivations premières des étudiants s’y inscrivant. Ce n’est pas comprendre la nécessaire adéquation emplois-métiers-formations des filières professionnelles, ou encore l’importance des campus des métiers créés ces derniers mois.

Ces problématiques participent pourtant, aux côtés des autres formations du secondaire et de l’enseignement supérieur à améliorer l’accès à l’ascenseur social pourtant tant invoqué par ces organisations représentatives (à juste titre !). Il serait donc nécessaire de mettre en conformité les actes et les paroles, afin de faire avancer notre système d’enseignement supérieur et de recherche qui en a bien besoin.

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