Paris Dauphine – Encore une université ?

30/03/06

L’université Paris Dauphine a fait l’objet de nombreux articles. Nous avons eu l’occasion de nous interroger sur les velléités politiques derrière son passage au statut de Grand Etablissement puis sur sa volonté de faire passer ses diplômes d’établissement au grade Licence. En Conseil d’Administration réuni le 21 mars dernier, Paris Dauphine a instauré le principe de frais modulaires.

Les frais d’inscription modulaires consistent à mettre en place une modulation de la participation financière des étudiants à leur formation, en fonctions de leurs revenus ou ceux de leur famille. Sous prétexte de justice sociale, de plus en plus nombreux sont ceux qui défendent ce modèle, entendant qu’il ne serait ni socialement discriminant, ni dangereux pour l’accès aux études. Pourtant, ce modèle constitue une remise en question totale des modalités de financement de notre système d’enseignement supérieur.

Alors qu’aujourd’hui cette participation modulaire existe déjà, par l’impôt sur lequel s’appuie le financement des services publics, la logique des frais d’inscriptions modulaires fait reposer le financement de l’enseignement supérieur directement sur l’usager, et non plus sur la participation collective. Les frais d’inscriptions modulaires viennent de facto consacrer une marchandisation de l’enseignement supérieur. A l’heure où le service public de l’enseignement supérieur cherche à assumer sa responsabilité sociale envers le besoin d’augmentation du niveau de qualification et à tendre vers une égalité des chances de réussite dans le contexte d’un système éducatif pourtant particulièrement inégalitaire, ce système vient mettre à mal cette logique.

En outre, c’est faire peser directement sur les ménages ou sur les étudiants en situation financière précaire ou instable le poids de l’augmentation des besoins en financement dans l’enseignement supérieur.


Bien que la modulation des frais soit lancée pour les étudiants dont les parents disposent d’un revenu fiscal de référence supérieur à 50.000 € par an, cette décision consacre un véritable cheval de Troie. Proportionnellement, elle fait d’ailleurs peser le financement davantage sur les classes moyennes que sur les plus aisées.


L’exercice de communication de Paris Dauphine ne nous trompera pas. Sous couvert de financer un programme « d’ouverture sociale », tandis que le nombre d’étudiants boursiers semble s’amoindrir, il s’agit en réalité de dégager de nouvelles ressources propres. Entre cette logique de participation accrue des individus à ce service public et la sélection à l’entrée de ses formations, un nouveau cap vient d’être franchi : Dauphine n’a plus de l’Université que le nom.


La FAGE lancera à l’occasion du Séminaire National des Elus Etudiants ses Etats Généraux de la Démocratisation en vue de générer du débat autour de la question du financement public de notre système d’enseignement supérieur et envisager des solutions socialement bénéfiques.

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