Rapport Brunet : Faire de l’apprentissage une voie d’excellence : se donne-t-on tous les moyens ?

31/01/18

Le 30 janvier dernier, Sylvie Brunet a présenté son rapport pour la réforme de l’apprentissage, à l’issue de concertations malheureusement polarisées autour des questions de gouvernance et de financement.

Ce document formule un ensemble de propositions à l’attention du gouvernement afin de préparer la réforme prochaine de l’apprentissage, de la formation professionnelle et de l’assurance chômage.

C’est dans ce contexte que la FAGE s’est récemment dotée d’un corpus de positions centré sur l’apprenti. Au travers de sa contribution, la FAGE s’interroge : comment faire face aux ruptures de contrats et aux abandons en redéfinissant la stratégie d’orientation ? Comment favoriser la voie de l’apprentissage, notamment par le développement de passerelles ?

Le rapport présenté par Sylvie Brunet trouve des similitudes avec le positionnement de la FAGE et va globalement dans le bon sens. Il ressort ainsi un large consensus sur la nécessité de renforcer les dispositifs d’information auprès des jeunes et de leur famille. L’orientation doit être un sujet central duquel il convient d’effacer les préjugés et les stéréotypes sur la formation en apprentissage. Néanmoins, on peut s’interroger sur la multiplication des outils dont la redondance pourrait nuire à l’efficacité, à l’image des journées d’information sur les métiers en classe de 4ème et de 3ème. Celles-ci gagneraient à dispenser une information large sur les grands secteurs d’activité plutôt que sur des métiers précis, et à être pleinement intégrées dans les Parcours Avenir qui doivent être un véritable fil rouge d’une construction d’un projet professionnel de la 6ème à la terminale.

L’apprentissage doit se doter d’un véritable processus de préparation à l’apprentissage. La FAGE salue ainsi la refonte proposée du DIMA, qui va dans le sens proposé de ne pas écarter davantage des jeunes en les enfermant dans une voie : il est ainsi important d’initier, de faire connaître, et de permettre au jeune d’expérimenter sans enfermer dans un parcours définitif. En ce sens, la proposition d’enseignements de transition vers l’activité professionnelle semble être une idée pertinente.

L’accompagnement du jeune doit aussi occuper une place centrale, le besoin d’un investissement des acteurs dans l’aide à la recherche d’une entreprise semble avoir été clairement identifiée, de même que la revalorisation et la formation du maître d’apprentissage. Toutefois, il est regrettable de ne s’être concentré principalement sur l’accès, là où l’après-apprentissage nécessiterait également un meilleur encadrement afin d’accompagner le jeune dans des bilans de son expérience, en termes de compétences et de projet professionnel, et de l’aider à se projeter sur ses capacités à s’insérer professionnellement ou à poursuivre des études.

Enfin, la FAGE réaffirme son attachement à l’approche par compétence. Notamment, il s’agit de s’éloigner des approches purement centrées sur les métiers en développant des compétences transverses, indispensables aux jeunes du 21ème siècle qui devront faire preuve d’adaptabilité dans un monde socio-économique en permanente mutation. De fait, la proposition de recentrer les diplômes professionnels autour de socles professionnels diplômants rattachés à une famille de métier va dans le bon sens.

Cependant, on retrouve au travers de certaines propositions un ensemble de dérégulations, notamment des rythmes. Comme cela est revendiqué dans la contribution sur l’apprentissage, la FAGE sera très vigilante à l’évolution du statut et du rôle de l’apprenti portée par la future réforme.

On pourrait également regretter la forte polarisation des propositions sur les niveaux de qualification IV et V alors même que les formations en apprentissage de l’enseignement supérieur (Bac +3 à Bac +5) contribuent positivement à l’image de l’apprentissage en constituant des voies efficaces d’accès à l’emploi.

A ce titre, il serait temps de doter l’enseignement supérieur du même type de commissions que les Commissions Professionnelles Consultative avec la mise en place et la reconnaissance de conseils sectoriels nationaux, issus notamment des propositions du CNEE dans un rapport dédié en 2015 et dont la FAGE s’appuie dans sa contribution.

La FAGE restera vigilante à ce que les débats autour du projet de réforme ne soit pas polarisés par les questions de gouvernance et de financement à l’image de ces dernières semaines. En effet, si ces questions méritent d’être posées, elles ne sauraient monopoliser le débat : la jeunesse de France mérite une réforme efficace à l’heure où elle reste une des catégories les plus touchées par le chômage de masse.

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