Les addictions chez les jeunes : il faut poursuivre les efforts de prévention

19/09/18

Des enquêtes récentes sur la consommation de tabac et d’alcool chez les jeunes permettent de dresser un bilan des enjeux en matière de prévention. La FAGE a été très active sur les sujets santé qui ont rythmé l’année 2018 avec notamment de nombreuses contributions à la stratégie nationale de santé, la stratégie de transformation du système de santé ou encore au Plan prévention. A l’occasion d’une audition de la FAGE par la commission des affaires sociales du CESE, voici un point d’étape sur les défis en matière d’addictions chez les jeunes.

Une tendance à la baisse pour le tabagisme

L’enquête ESCAPAD1 visant à étudier la consommation des jeunes réalisée tous les 3 ans depuis 2000 est sortie à la fin de l’année universitaire. Parmi les nombreuses données intéressantes on peut notamment voir une tendance positive en matière de consommation de tabac. En effet, si la consommation est en baisse sur la population générale, on peut saluer une baisse de 23% de la consommation de tabac pour les jeunes à la veille de leur majorité. C’est une tendance qu’on observe globalement au niveau européen.

Dès lors il convient de se demander ce qui peut expliquer la baisse de consommation de tabac. La lutte contre la consommation de tabac est depuis longtemps une priorité des pouvoirs publics. Avec l’augmentation progressive et régulière du prix du paquet de cigarettes, des campagnes de communication parfois volontairement choquantes, la mise en place des photos et des messages sur les paquets puis, plus récemment, du paquet neutre, de nombreux moyens ont été mobilisés. Parmi les campagnes de prévention, le Mois sans tabac fait figure de bon élève. Avec une approche qui ne vise pas à culpabiliser le consommateur (contrairement à beaucoup de dispositifs) mais plutôt à valoriser les efforts pour la réduction ou l’arrêt de la consommation, on peut y voir une bonne stratégie. L’apparition de l’application mobile Tabac info Service est également un gage de modernisation des approches, avec notamment la valorisation tout au long du parcours d’arrêt de la personne.

Pour apporter de la nuance, il faut tout de même dire que dans les addictions comme dans bien d’autres domaines, les inégalités sociales sont frappantes2. Chez les jeunes de 17 ans, on voit une différence de 35 points entre les élèves fumeurs (22%) et les jeunes sortis du système scolaire (57%), les apprentis étant dans l’entre deux avec 47,3% de fumeurs. On retrouve par la suite ces inégalités en fonction des catégories socio-professionnelles avec deux fois plus d’ouvriers fumeurs (36,4%) que de cadres (15,9%). Il convient d’orienter les actions de prévention en fonction des déterminants sociaux et d’agir pour une meilleure action chez les jeunes en décrochage.

L’alcool : un truc de jeunes ?

L’alcool reste la substance psychoactive la plus consommée en France. Cela vaut pour les toutes les tranches d’âge et donc pour les jeunes. On observe que 86% des personnes de 15 à 75 ans déclarent avoir consommé en moyenne 5,5 verres d’alcool au cours de l’année 20143. Chez les jeunes, la tendance de consommation entre 2010 (précédente étude) et 2014 était en progression de 4 points pour atteindre 40%. On peut d’ailleurs noter une différence encore présente entre les hommes (51%) et les femmes (30%).

On voit que la consommation de bière et de vin est également en progression. Cela doit nous amener à pondérer les discours visant à prétendre que les jeunes consomment essentiellement de l’alcool fort alors que le reste de la population serait plus attiré par le vin ou la bière. Ces discours sont aussi ceux qui sont avancés lorsque l’on prétend ne pas vouloir « emmerder les français »4 sur la consommation de vin et ses vertus culturelles.

Consommation excessive d’alcool : plus qu’une question d’addiction

La question de la consommation excessive d’alcool constitue une question centrale sur la prévention à destination des jeunes. Cependant, s’il y avait eu un grand coup de la part des pouvoirs publics en 2009 avec la loi HPST qui venait interdire les « open bars », les mesures d’accompagnement n’ont jamais réellement émergées. Cette modification législative qui devait être à destination de tous les organisateurs d’événements festifs visait très spécifiquement les associations étudiantes. Aujourd’hui on peut largement constater que la répression qui est faite vise principalement ces acteurs quand d’autres, comme les entreprises, sont de manière générale plutôt oubliés. La condamnation de cette pratique n’est pas une mauvaise chose en ce qu’elle responsabilise les organisateurs mais il doit y avoir des mesures d’accompagnement, notamment par les préfectures et les municipalités qui délivrent les autorisations de débits de boisson.

On ne peut pas considérer la consommation d’alcool comme une fin en soi. Il faut avoir une approche sur les dérives qui sont y sont liées : sécurité routière, bizutage, violences en tout genre, etc. Dans les accidents mortels impliquant des jeunes de 18 à 25, 25% sont liés à une consommation d’alcool. C’est pour cela que la FAGE mène toute l’année des actions de sécurité routière. Parmi les dérives, et l’actualité de la rentrée nous y ramène régulièrement, on peut aussi voir des cas de bizutage dans les événements étudiants. La consommation d’alcool n’est pas la seule explication à ces pratiques inacceptables mais la levée d’inhibition participe à la dynamique de groupe et à la pression sociale. Enfin, on constate régulièrement des violences sexistes et parfois des agressions sexuelles dans des événements festifs. A l’instar du bizutage, l’alcool ne peut être une excuse à un comportement aussi grave mais peut vite mettre des jeunes dans des situations de vulnérabilité. Pour ces deux pratiques qui n’ont pas leur place dans la vie festive des jeunes, la FAGE accompagne les associations étudiantes à mettre en place des dispositifs de prévention. La formation, la mise en responsabilité et la création d’outils sont au cœur de la démarche d’innovation sociale de la FAGE pour permettre aux associations d’être exemplaires et d’offrir aux jeunes des événements en toute sécurité.

L’accès aux soins pour une prise en charge globale

La FAGE est très active, au travers des associations étudiantes sur les actions de prévention sur de nombreux sujets. Il semble essentiel aujourd’hui, pour une véritable synergie des actions, qu’il y ait une coordination territoriale de la part des ARS avec des moyens financiers associés.

En plus de la prévention et de l’accès à l’information qu’il faut renforcer, la prise en charge des frais de santé est un frein à une bonne santé pour les plus précaires. On peut notamment penser aux substituts nicotiniques qui pourraient être pris en charge de manière plus importante. Pour faciliter cet accès aux soins, il est indispensable permettre à chaque jeune de pouvoir disposer d’une couverture complémentaire. C’est un des enjeux auxquels doivent répondre les mesures du Plan pauvreté dévoilé la semaine dernière et dont on suivra attentivement les applications.

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